Les sept départements franciliens créent une nouvelle association pour défendre leurs "spécificités"

Les sept départements franciliens s'unissent. Leurs présidents se sont réunis ce vendredi matin dans les Hauts-de-Seine pour lancer leur propre association. Ils espèrent ainsi peser davantage auprès des pouvoirs publics.
À eux sept, ils représentent dix millions d'habitants. La capitale n'en fait pas partie, car "Paris n'est plus un département", fait remarquer Georges Siffredi, le président (LR) des Hauts-de-Seine en conférence de presse.
Peser sur "l'organisation de la région parisienne"
Cette nouvelle association entend peser sur "l'organisation de la région parisienne", affirme son futur président Pierre Bédier, président (LR) du département des Yvelines.
En 2019, les départements franciliens avaient déjà commencé à travailler avec leur association au travers du Fonds de Solidarité Interdépartementale par l’investissement (FS2I). Cette organisation leur permettait de "mettre en commun une partie de leurs ressources, afin de pratiquer une politique d’investissement visant à renforcer la solidarité entre les territoires".
"On bosse tellement bien, que l'on considère que le FS2I ne suffisait plus", explique Pierre Bédier. "Ce n'est pas une association de défense. On est dans l'offensive", complète Olivier Capitanio, le président (LR) du Val-de-Marne. "On est animé par la solidarité", renchérit Jean-François Parigi, le président (LR) de la Seine-et-Marne.
Une gouvernance entre petite et grande couronne
La gouvernance de l'association sera partagée entre un binôme représentant la grande et la petite couronne. Chaque département apportera 50.000 euros au budget de l'association et les décisions seront "fondées sur le consensus".
Parmi les sujets au menu de l'ADIF : l'autonomie fiscale, la décentralisation ou encore les transports en commun. Car "l'organisation actuelle de la métropole francilienne n’est pas satisfaisante et ne permet pas d’actionner tous les leviers nécessaires pour répondre en Ile-de-France aux enjeux en matière de transports, de logement, de transition écologique et d’égalité territoriale", indiquent les présidents dans un communiqué de presse.
"Nous avons des spécificités sur l'Île-de-France qui n'existent pas en province", déclare Georges Siffredi. "Nous sommes bien conscients sur la troisième étape de décentralisation, que l'on ne peut pas décentraliser de la même façon en Île-de-France que dans des départements plus petits", poursuit Pierre Bédier.
Quant à l'ajout de compétence aux départements, Georges Siffredi n'en veut "pas forcément des supplémentaires". Mais s'il y a décentralisation, pour Pierre Bédier "l'échelon département est plus pertinent pour certaines choses".
Ils parlent d'une même voix, car "les mêmes problématiques touchent tous les départements" comme la perte d'autonomie fiscale.
"On a des capacités d'investissements, même si on est inquiet pour nos ressources", poursuit le président socialiste de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel. "On représente 1,5 milliard d'investissement sur les transports en commun. On a des niveaux d'investissement comme peu de collectivités peuvent en avoir".
Pierre Bédier alerte également "le gouvernement qu'un certain nombre de dispositifs pèsent sur l'Île-de-France". Il indique que si "rien ne bouge", l'investissement des départements pourrait être divisé par deux l'an prochain. "On n’a pas les mêmes budgets d’investissement", ajoute Marie-Christine Cavecchi, la présidente (LR) du Val-d'Oise.
Un outil d'influence
L'association des départements d'Île-de-France servira donc d'outil d'influence à destination de l'Etat et du gouvernement, mais aussi au niveau régional. "Il faut que l'on se mette autour de la table avec le gouvernement", avertit Pierre Bédier, le président du département des Yvelines.
Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, négocie actuellement avec l'Etat sur le Contrat Plan Etat-Région (CPER) sur le volet des transports. Les départements seront mis à contribution pour financer ce CPER.
"Les discussions se font, uniquement, entre l'Etat et la région", regrette François Durovray, le président (LR) de l'Essonne.
Ils souhaitent avoir également leur mot à dire sur les négociations du budget d'Île-de-France Mobilités pour 2024 entre la région et l'Etat. L'autorité qui organise les transports en commun francilien doit trouver 800 millions d'euros.
"Quand on pèse 49% du financement (avec la ville de Paris pour les collectivités, NDLR). Comment se fait-il que l'on ne soit pas dans les négociations?", s'interroge Georges Siffredi. "Je pense qu'il serait mieux que l'on soit ensemble pour prendre les bonnes décisions plutôt qu'elles nous soient imposées ou que l'on soit dans l'incapacité de les appliquer", tranche-t-il. "On ne veut pas seulement être là pour payer à la fin."