BFMTV
Paris Île-de-France

L'Etat refuse d'accueillir une centaine d'Africains au centre d'hébergement, la maire de Paris critique ce choix

Les familles ont manifesté pour obtenir une solution d'hébergement, hier à Paris.

Les familles ont manifesté pour obtenir une solution d'hébergement, hier à Paris. - AFP

La mairie de Paris a mobilisé un gymnase pour héberger provisoirement des familles africaines sans-abri, 140 personnes au total, et reproche à l'État de n'avoir pas voulu les accueillir au centre d'hébergement dédié aux réfugiés ukrainiens, très peu fréquenté ces derniers jours.

140 personnes, dont 62 enfants et 27 femmes enceintes, selon l'association d'aide aux migrants Utopia 56, ont été prises en charge mardi soir dans un gymnase municipal situé près de la gare de Lyon (XIIe arrondissement) à Paris. Un bâtiment réservé depuis mars à l'accueil des Ukrainiens en transit.

Un campement démonté

D'origine ivoiriennes, ces familles "avaient un campement à Montreuil", à l'est de la capitale, "qui a été démantelé assez brutalement hier matin très tôt", a dit mercredi à l'AFP Léa Filoche, adjointe aux solidarités de la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

Alors que les hommes travaillaient, les femmes et enfants ont passé la journée place de l'Hôtel-de-Ville, devant les bureaux des élus, pour réclamer un logement, a constaté l'AFP.

"Il y a 500 places libres au parc des expositions de la Porte de Versailles mais la préfecture d'Ile-de-France a refusé d'ouvrir cet espace pour pouvoir les accueillir, nous disant que c'était réservé aux Ukrainiens", déplore l'élue Générations.

Le centre dispose de "centaines de places vides alors qu'on a des gens qui dorment dehors", a abondé Ian Brossat, adjoint PCF chargé de l'hébergement d'urgence et de la protection des réfugiés. Une situation qu'il juge "invraisemblable".

L'Espace "Escale Versailles" est "un espace de transit à la nuitée" qui "n'est pas adapté à la demande d'hébergement formulée par ces familles présentes devant la mairie de Paris", a répondu, sollicitée par l'AFP, la préfecture d'Ile-de-France, qui souligne que "l'effort de mise à l'abri a été nettement accru ces dernières années".

Des gymnases "sous-utilisés très régulièrement"

Ainsi, "155.000 personnes sont hébergées chaque nuit en Île-de-France contre 120.000 en 2019", fait valoir le représentant de l'État qui souligne également avoir pris en charge, "dès l'apparition de campements", plus de 7.000 personnes en 2021.

Comme les deux gymnases de Paris situés près des gares et réservés aux Ukrainiens, le centre de la Porte de Versailles est aux trois quarts vide depuis quelques jours, a constaté l'AFP.

Les gymnases, eux, sont "sous-utilisés très régulièrement mais on a des pics de temps en temps pendant un ou deux jours", a repris Léa Filoche. "C'est pour cela qu'on les maintient."

C.L. avec AFP