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Paris Île-de-France

Intoxication au plomb à Versailles: au procès, les prévenus se renvoient les responsabilités

La balance de la justice (photo d'illustration)

La balance de la justice (photo d'illustration) - DAMIEN MEYER - AFP

Six personnes et quatre entreprises sont accusées de ne pas avoir protégé des ouvriers contre une intoxication au plomb lors d'un chantier à l'opéra royal du château de Versailles en 2009. Ces derniers se renvoient les responsabilités.

"Tout le monde se renvoie la balle", a accusé mardi la procureure de la République au deuxième jour du procès de six personnes et de quatre entreprises, jugées à Versailles (Yvelines) pour ne pas avoir protégé des ouvriers contre une contamination au plomb sur le chantier de l'opéra royal du château de Versailles en 2009.

A la barre, les prévenus poursuivis devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires et mise en danger d'autrui, dont l'ex-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) François Asselin, ont tous cherché à minimiser leurs responsabilités dans cette affaire.

Du plomb dans les peintures

Le maître d'ouvrage et le maître d'oeuvre ont affirmé avoir mentionné la présence de plomb dans les documents relatifs à la préparation du chantier, à charge des entreprises y travaillant de le prendre en compte et de mettre en oeuvre les mesures de protection adéquates.

Frédéric Didier, l'architecte en chef des monuments historiques en charge de concevoir et d'organiser le chantier, a ainsi expliqué avoir reçu le plan général de coordination, document qui définit les mesures à mettre en oeuvre pour prévenir les risques sur un chantier, dans lequel la présence de plomb était mentionnée.

Ce plan "faisait le nécessaire pour pouvoir informer" de la présence de plomb "les parties appelées à intervenir" à Versailles, a-t-il précisé.

Personne ne pouvait ignorer qu'il y avait du plomb dans ce monument historique car "les peintures au plomb étaient utilisées jusqu'au début du 20e siècle", or les locaux concernés n'avaient pas été rénovés depuis 1870, selon lui.

"Une négligence"

Et si ces informations n'ont pas été transmises, c'est de la responsabilité du coordinateur chargé de la sécurité sur le chantier, a affirmé de son côté le représentant du maître d'ouvrage, l'opérateur du patrimoine et projets immobiliers de la culture (OPPIC).

Mais l'entreprise qui intervenait sur le chantier, la société Asselin, dirigée par François Asselin, a répété n'avoir pas été suffisamment et précisément informée de la présence de plomb. Selon elle, les documents fournis ne permettaient pas d'évaluer correctement les risques.

"Il y a eu une négligence de l'ensemble de la chaîne de compétences, y compris nous", a toutefois concédé M. Asselin sous le feu roulant des questions.

Les menuisiers qui ont témoigné lundi ont tous affirmé n'avoir reçu aucun équipement pour se protéger contre les inhalations de poussières chargées de plomb.

Personne ne les avait informé de la présence de plomb ni formé à la gestion de ce risque, avaient-ils relaté.

Mathias Fleury avec AFP