Interpellée sur ses voyages, Anne Hidalgo rappelle son déplacement à Auschwitz et suscite l'indignation de l'opposition

Le "Tahiti gate" continue d'animer le conseil de Paris. Des élus d'opposition n'ont pas manqué de rappeler à la maire de Paris, en ce deuxième jour de séance ce mercredi 15 novembre, son long déplacement en Pacifique Sud, raillant son coût et son bilan carbone.
"Vous avez choisi de déserter Paris pendant plus d'un mois, avec pour point d'orgue un séjour à Tahiti, c'est choquant", a interpellé le conseiller de droite David Alphand (Changer Paris) avant de réitérer la demande du groupe de "rendre publique l'intégralité de ses dépenses" pour "dissiper les zones d'ombres" de ses notes de frais. Ce dernier a posé, au total, sept questions précises à la maire de Paris.
"Vous avez oublié Auschwitz"
Face à ces nouvelles attaques de ses détracteurs, entourant son déplacement en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie, pour une visite professionnelle suivie de vacances privées, plusieurs adjoints de la maire ont d'abord répondu aux interrogations de l'opposition. Anne Hidalgo a ensuite défendu elle-même l'intérêt de son séjour de l'autre côté du globe.
"Vous avez mis en cause que la maire de Paris voyagerait beaucoup, vous avez failli éditer un t-shirt sur le 'Hidalgo tour' mais c'est dans le rôle de Paris de porter la diplomatie de ville dans les territoires", a-t-elle justifié.
La maire socialiste a également ajouté s'être entretenue avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, alors qu'elle était sur place. Et pour justifier les critiques à l'égard de ces voyages, jugés trop nombreux par l'opposition -au moins treize en 2023- Anne Hidalgo n'a pas manqué de rappeler une omission de la part de l'opposition.
"Vous avez dans vos expressions citées un certain nombre de déplacements de cette année. Permettez-moi de vous dire qu'il y a d'abord un oubli majeur (...) Vous avez oublié de démarrer par le premier voyage par lequel je commence toujours en janvier. Auschwitz. Vous avez oublié Auschwitz", a indiqué l'édile.
"Je me rends à Auschwitz avec une délégation du conseil de Paris avec une délégation du conseil de Paris et dans cette délégation du conseil de paris à laquelle madame Dati vous êtes invitée comme présidente du groupe et maire d'arrondissement et vous n'êtes jamais venue", a-t-elle martelé en donnant rendez-vous à Rachida Dati, sa principale opposante et maire du 7e arrondissement, le 18 janvier 2024 sur l'ancien camp de concentration nazi, situé en Pologne.
"Indigne et ignoble"
Un parallèle qualifié "d'indécent" par l'opposition qui a choisi de quitter l'hémicycle. "La ligne rouge a été atteinte", dénonce le conseiller Paul Hatte sur X, ex-Twitter.
"Indigne et ignoble", mentionne le groupe Changer Paris sur X avant de critiquer un "parallèle inacceptable" et un "spectacle lamentable" dans un communiqué.
"Rachida Dati fait régulièrement ce voyage mémoriel, la première fois à l’invitation de Simone Veil", a également ajouté le conseiller Changer Paris Aurélien Véron.
Devant les bancs vides de l'opposition, la maire de Paris a continué de justifier ses déplacements, notamment celui à Kiev pour "accompagner un envoi de générateur" ou encore à Bagdad, "à la demande du quai d'Orsay".
"Rachida Dati est train d'instrumentaliser et de faire en sorte que le débat public soit inaudible", a ajouté la maire de Paris. "Elle fait un immense écran de fumée où au bout c'est 'tous pourri' mais nous, on est pas pourris."
Pour clôre le débat, l'édile a demandé à Rachida Dati de publier sa déclaration d'intérêts et mais également d'éclaircir ses rapports avec l'Azerbaïdjan après des voyages financés par l'État azerbaïdjanais.
Ces échanges tendus en séance, se sont poursuivis à l'extérieur de la salle du conseil, où Rachida Dati a annoncé que ses avocats attaqueront systématiques les élus qui tiendront des propos diffamatoires à son encontre.