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INFO BFMTV. Un groupe de six hommes interpellé après une série de home-jackings, du Val-d’Oise à l’Aube

Les hommes de la BRI sont intervenus pour neutraliser un groupe d'home-jackeurs dans la banlieue de Troyes, ce lundi 17 février (photo d'illustration)

Les hommes de la BRI sont intervenus pour neutraliser un groupe d'home-jackeurs dans la banlieue de Troyes, ce lundi 17 février (photo d'illustration) - Charly Triballeau - AFP

Dans la soirée du lundi 17 février, six hommes, connus pour plusieurs cambriolages violents, ont été interpellés à proximité de Troyes. Au moment de l'arrestation, les suspects étaient sur le point de commettre un nouvel home-jacking.

Interpellés alors qu'ils s'apprêtaient à passer à l'action. Après une semaine d'enquête, une équipe de Brigade de recherche et d’intervention financière nationale (BRI FN) a réussi à interpeller six personnes en pleine tentative de home-jacking dans un hameau situé à 20 kilomètres de Troyes, dans l'Aube, a appris BFMTV.com, auprès d'une source proche du dossier et du parquet de Troyes.

Selon les informations de BFMTV.com, les mis en cause ont été déférés devant un juge ce vendredi 21 février. De lourdes accusations pèsent contre les membres de ce groupe, coutumiers des home-jackings, ces cambriolages ultraviolents en présence des occupants des lieux, souvent séquestrés ou violentés.

Un premier signalement à Sarcelles

Tout commence lorsque, dans la nuit du 8 au 9 février, un homme est séquestré à son domicile de Sarcelles par des hommes armés. Un home-jacking qui retient l’attention des autorités par la violence des méthodes employées. Persuadés que leur victime cache de grosses sommes d’argent, les mis en cause décident de lui entailler progressivement un doigt pour lui soutirer l’emplacement d'un supposé coffre.

Durant toute la durée du home-jacking, l'homme pris pour cible sera, à de nombreuses reprises, frappé au visage et menacé de mort. Les malfaiteurs réussiront à dérober plus de 20.000 euros à la victime durant cette agression.

Face à ces faits, le parquet de Pontoise ouvre une enquête pour les chefs de vol avec arme en bande organisée, extorsion avec arme en bande organisée, séquestration en bande organisée, escroquerie en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Pour mener les investigations, le ministère public saisit la Division de criminalité territoriale du Val-d’Oise (DCT 95), en co-saisine avec la BRI FN, qui se lance dans une fastidieuse enquête pour identifier les auteurs.

Durant un long travail d’analyse des lignes téléphoniques dans le secteur du lieu du crime, les agents du Val-d'Oise finissent par remonter un téléphone portable qui borne régulièrement dans un véhicule appartenant à un homme très défavorablement connu des services de police, pour des home-jackings. Cet habitant de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis est, au cours de l'enquête, suspecté d'être l'instigateur des différents home-jackings.

Une nouvelle personne ciblée près de Troyes

Le 14 février, la DCT 95 remarque que la voiture, qui est sous surveillance, se dirige en dehors de la région parisienne. Informés par leurs collègues du Val-d’Oise, les membres de la BRI FN prennent en filature le véhicule qui s’arrête dans la banlieue de Troyes, dans la petite commune de Thuisy.

"Le home-jacking est un fléau et personne n’est épargné. Ce groupe pouvait sévir aussi bien dans des lieux isolés et ruraux que dans des secteurs urbains comme à Sarcelles", souffle une source bien informée à BFMTV.com.

"S’ils savent qu’une personne est susceptible d’avoir du liquide chez elle, c’est suffisant pour attaquer", ajoute-t-elle.

Sur place, le conducteur rejoint cinq autres personnes, elles aussi connues pour des faits similaires à ceux de Sarcelles et inquiétées dans une affaire d’assassinat en bande organisée. Des individus aussi identifiés comme étant présents à Sarcelles lors du premier home-jacking.

Un groupe minutieusement organisé

Les agents de la brigade d’intervention s’établissent dans les communes alentours pour observer les faits et gestes des suspects qui s’installent dans plusieurs Airbnb. Durant quatre jours, les cambrioleurs font des repérages afin de trouver une cible et préparent minutieusement leur prochain coup.

Leur dévolu se jette sur un homme de 25 ans qui doit racheter un bureau de tabac dans la ville.

"Ils ont mis un traceur sous sa voiture pour savoir où il habitait et quand il pourrait attaquer", relate à BFMTV, une source proche du dossier.

Une fois identifiée, les forces de l’ordre mettent en place une filature afin d’assurer sa sécurité.

Comprenant que les home-jackeurs risquent de passer bientôt à l’acte, les forces de l’ordre se mettent en surveillance dans le domicile de leur cible. Le lundi 17 février, les malfaiteurs passent à l’action.

À bord d’un utilitaire blanc et d'une voiture, ils débarquent cagoulés et équipés d’armes à feu et de fusils LBD, traditionnellement utilisés par les forces de l'ordre. Pour faire illusion, les suspects abordent aussi un brassard de police autour de leurs bras.

Une interpellation violente

La BRI FN intervient, mais les malfrats sont expérimentés et ne prennent pas peur face aux forces de l’ordre. Quatre d’entre eux sont rapidement arrêtés mais un des suspects réussit à rentrer dans un véhicule et essaye de prendre la fuite. Dans sa tentative, il percute frontalement la voiture d’un policier avant d’être interpellé.

Un dernier homme prend la fuite en courant et en tirant à plusieurs reprises sur les forces de l'ordre.

Le suspect enjambe une barrière et prend la fuite dans un bois à proximité des lieux de l’interpellation. Dans son échappée, l’homme perd une chaussure. Afin de le retrouver rapidement, les policiers qui ont bouclé le secteur, sollicitent l'aide de la brigade cynophile de la gendarmerie locale. Un chien renifle la chaussure et trouve directement une piste. L’homme sera interpellé rapidement après.

Pour cette tentative de home-jacking, les six personnes sont poursuivies pour les chefs de vol avec arme en bande organisée, extorsion avec arme en bande organisée, séquestration en bande organisée, escroquerie en bande organisée, association de malfaiteurs en vue de commettre un crime et tentative d’homicide sur une personne dépositaire de l’autorité publique.

Des perquisitions effectuées

Après leurs interpellations, les forces de l’ordre ont procédé à la perquisition des Airbnb loués par les suspects lors de leur séjour dans la banlieue de Troyes. Sur place, les agents trouvent des armes, de l’argent et l’adresse de certaines victimes.

Inquiétés dans plusieurs dossiers, les six membres du groupe ont été transférés à Cergy, le mardi 18 février, pour y être entendus par les forces de l’ordre. Ils devraient être auditionnés par d’autres unités dans le cadre d’affaires différentes.

Sylvain Allemand