BFMTV
Paris Île-de-France

INFO BFMTV. Riche héritier, hôtels de luxe et faux Warhol: comment huit escrocs ont berné des collectionneurs d'art

Le tableau "Shot Sage Blue Marilyn" peint en 1964 par Andy Warhol (Photo d'illustration)

Le tableau "Shot Sage Blue Marilyn" peint en 1964 par Andy Warhol (Photo d'illustration) - Dia Dipasupil / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Huit suspects, dont un expert en objet d’art, soupçonnés d’avoir trompé plus d’une centaine de victimes pour un préjudice de 2,6 millions d’euros, seront jugés en mai prochain, devant le tribunal de Nanterre.

Une escroquerie d’ampleur aux fausses œuvres d’art contemporaines. Selon nos informations, huit personnes, soupçonnées d’avoir pris part à une vaste arnaque, qui a perduré entre les années 2018 et 2023, ont été interpellées, ce mercredi 13 mars, en région parisienne. Les huit suspects, dont un expert en objet d’art, sont soupçonnés d’avoir vendu des faux Warhol, Chagall et Miro pour un préjudice de 2,6 millions d’euros.

Des moyens divers pour tromper

Les commanditaires présumés de cette escroquerie haut de gamme ont déployé de nombreux moyens afin de tromper leurs victimes. À commencer par des copies de bonne facture d’œuvres du pape du pop art, Andy Warhol, mais aussi de Joan Miro et Marc Chagall, sur lesquelles étaient apposées des fausses signatures ou des numérotations pour donner à l’ensemble "un cachet officiel".

Les mêmes utilisaient également de faux certificats d’authenticité et des factures falsifiées pour certifier de l’origine légale des tableaux, lithographies et autres sculptures proposés à la vente.

Pour mieux abuser la vigilance des futurs acheteurs, les escrocs présumés, membres de la communauté des gens du voyage, avaient également mis en place un scénario élaboré qui consistait à faire croire à l’existence d’un riche héritier, en quête de liquidités, et prêt à se séparer au plus vite et le plus discrètement possible, de certaines des plus belles pièces de son inestimable collection.

Pour asseoir leur entreprise, les mêmes aigrefins simulaient des appels téléphoniques à des propriétaires imaginaires se livrant à d’intenses négociations autour de la vente d’une œuvre. Enfin, le recours à un expert en objet d’art, ayant pignon sur rue, leur permettait d’apposer le dernier sceau à leur mise en scène.

Toutes les victimes ne se sont pas signalées

"Une fois que les victimes étaient bien ferrées, ils procédaient à la vente des fausses œuvres dans des hôtels de luxe ou même parfois dans des galeries éphémères, notamment du côté de Saint-Tropez", confie une source proche de l’affaire.

"Près de 113 collectionneurs et amateurs d’art ont ainsi été bernés pour un préjudice estimé à 2,6 millions d’euros. Mais toutes les victimes de ce réseau d’escrocs aux fausses œuvres d’art, trop honteuses d’avoir été piégées, ne se sont pas signalées", note la même source.

Les enquêteurs de l’OCBC, chargés des investigations au cours de l’année 2022, avaient déjà procédé à des perquisitions, au mois de décembre dernier, aux domiciles des principaux suspects. Des biens immobiliers et des voitures de luxe, notamment une Ferrari, avaient été, à l’époque, saisis.

À l’issue de leurs auditions, les huit suspects devaient être jugés "selon la procédure de comparution immédiate, ce vendredi 15 mars, devant la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre pour des faits d’escroquerie en bande organisée, blanchiment aggravé, blanchiment de fraude fiscale, et contrefaçon en bande organisée", comme l’a indiqué le parquet de Nanterre à BFMTV.

Leur procès a finalement été "renvoyé au 2 mai 2024, avec placement sous contrôle judiciaire de l’ensemble des prévenus".

Stéphane Sellami