INFO BFM PARIS ÎLE-DE-FRANCE. La mairie suspend l'attribution de locaux à une association dirigée par un anti-IVG et mariage pour tous

La mairie de Paris laissera-t-elle s'installer l'association d'un opposant à l'IVG dans l'un de ses locaux? La question se pose après l'obtention d'un document de la ville de Paris, consulté par BFM Paris Île-de-France, qui prévoit d'attribuer un local détenu par la municipalité sur les quais de Seine à un organisme présidé par un certain Ghislain Lafont.
Présenté comme un réseau d'entreprises d’insertion proposant une activité de petite restauration, l'association nationale La Table de Cana se décrit, sur son site, comme un traiteur "gourmand et engagé" avec pour mission de "démontrer la réussite d’un modèle qui lie exigences économiques et environnementales avec un véritable engagement social".
Sur ce même site est présenté l’organigramme du groupe, indiquant donc qu'il est présidé par Ghislain Lafont. Ce dernier est un entrepreneur à la tête de plusieurs associations.
Il préside également le fonds d’investissement d’une organisation philanthropique, baptisé Fonds du Bien Commun. Cet organisme a été lancé à l’initiative d’un milliardaire français, Pierre-Edouard Stérin, un entrepreneur proche des milieux catholiques traditionalistes et de l’extrême droite française.
"Drame caché de notre pays"
Ce fonds finance de multiples associations plutôt proches de ces valeurs, qui se veulent pour le moins opposées, par exemple, à l’interruption volontaire de grossesse ou au mariage pour tous, deux causes ardemment défendues par la maire de Paris Anne Hidalgo.
Ghislain Lafont, lui, semble sur la même ligne. Dans une interview accordée au blog "Salon Beige" en octobre 2016, et alors qu'il est candidat aux législatives dans la 14e circonscription de Paris, l'entrepreneur affiche clairement ses positions.
"Les 220.000 enfants tués chaque année constituent le drame caché de notre pays", estimait ainsi Ghislain Lafont dans cette entrevue, faisant référence au nombre d'avortements annuels en France.
Plus loin, dans cette même interview, il affirme être favorable à l’abrogation du mariage homosexuel. "Une infime minorité homosexuelle veut nous faire croire que la majorité des homosexuels souhaite un statut qui singe celui du mariage d'un homme et d'une femme. Ce lobbying est puissant", lançait encore Ghislain Lafont.
"Délibération reportée"
Face à cette situation, la ville de Paris, contactée par BFM Paris Île-de-France, assure que "la couleur politique des investisseurs n'est pas demandée et n'est pas un critère de sélection". Avant de préciser qu'"à l'aune de ces nouveaux éléments, la délibération [sur l'attribution de la convention] est reportée".
Pour rappel, la ville de Paris ne s’est pas contentée de réfléchir à attribuer des locaux à cette association.
Sur le site de la municipalité parisienne, un article publié en mars 2024 nous apprend ainsi que la Table de Cana a bénéficié de financements du Budget Participatif ainsi que d'un soutien lié à un appel à projet dans le cadre des derniers Jeux Olympiques.