Île-de-France: Valérie Pécresse va présenter son grand projet d'une "région des 20 minutes" pour 2040

Tout à 20 minutes de chez soi, c'est le prochain défi de Valérie Pécresse. La présidente de région va débattre ce mercredi 11 septembre avec les élus franciliens au Conseil régional autour de l'avenir de l'Île-de-France d'ici 2040.
Avec le SDRIFe (Schéma directeur de la région Île-de-France), Valérie Pécresse veut voir se concrétiser dans une quinzaine d'années une "région des 20 minutes", un territoire où tous les Franciliens ont accès: aux transports en commun, à des emplois, des commerces et des services à moins de 20 minutes. Pour y arriver, la région lie 117 villes moyennes à 27 grands pôles.
"C'est une Île-de-France équilibrée", assure Valérie Pécresse au micro de BFM Paris Île-de-France. "Équilibrée entre la ville et la nature, mais aussi avec des villes qui sont des villages dans lesquels il y a des services publics, mais dans lesquels on trouve tous les types de populations. Je ne veux plus de banlieue dortoir et je ne veux plus de banlieue ghetto", a-t-elle lancé.
70.000 nouvelles habitations par an
Premier défi: celui du logement. La région Île-de-France veut construire 70.000 habitations par an. Un projet jugé totalement irréalisable pour l'opposition de gauche. "On est très sceptique, déjà que l'on n'arrive pas à l'atteindre maintenant", relève Kader Chibane, le président du groupe écologiste à la région, auprès de BFM Paris Île-de-France.
"Il faut revoir les autres possibilités avec les logements vacants comme les Airbnb. Il faut construire la ville sur la ville", ajoute l'élu.
Toutefois, Valérie Pécresse ne veut pas "hyper-densifier l'hypercentre". Puisque la construction est aujourd'hui une prérogative des maires, la présidente de région a demandé à l'État la politique des aides à la pierre, l'une de ses compétences, afin d'inciter les communes à construire.
L'enjeu de la clause "anti-ghetto"
Autre mesure sur le logement, la clause "anti-ghetto" vise à réduire la construction de logements sociaux dans les villes déjà pourvues. "Quand vous n'êtes pas du tout carencés avec 50% ou 60% de logements sociaux (...) ces villes-là ont de grandes difficultés sociales. Je ne veux pas que l'on accumule les difficultés sociales dans la même ville", explique Valérie Pécresse.
Sur ce point, la région a reculé sous la pression de l’État, qui s'inquiétait d'une baisse de 21% de la construction de logements sociaux. Au lieu d’interdire, la région incite donc les villes comptant déjà 30% de logements pour les plus précaires à ne plus en construire.
"C'est une défaite retentissante", cingle Céline Malaisé, la présidente du groupe communiste auprès de BFM Paris Île-de-France.
"Ce sont ses amis de droite qui ne respecte pas la loi SRU", renchérit Kader Chibane, alors que la loi SRU qui impose la construction de 25% de logements sociaux dans une commune. "Il faut contraindre les villes riches à construire", ajoute-t-il.
Un développement des transports en commun
Vient ensuite la question fondamentale des transports. Également présidente d'Île-de-France Mobilités, Valérie Pécresse annonce une quarantaine de prolongements de lignes.
Parmi elles, le projet de ligne 19 dans le Val-d'Oise ou encore les prolongements de la ligne 1 jusqu'à Val-de-Fontenay, de la 7 jusqu'à Drancy ou de la 10 jusqu'à Ivry-sur-Seine.
La relance de navettes fluviales entre Ivry-sur-Seine et Viry-Châtillon est aussi en réflexion, ainsi que plusieurs projets routiers, comme le controversé boulevard intercommunal du Parisis.
"Elle ne va pas dans le sens de l'histoire"
Néanmoins, toutes ces constructions ont une contrainte avec la réduction de l'artificialisation des sols d'ici à 2050. "178 hectares de moins par an et pendant dix ans, puis 178 hectares les dix années d'après et ainsi de suite", explique Valérie Pécresse à BFM Paris Île-de-France.
"L'idée est que tous les dix ans, l'effort soit le même", assure-t-elle. Elle insiste sur le fait que la région va diviser par trois l'urbanisation d'espaces naturels et agricoles par rapport au précédent schéma.
Toutefois, certains projets d'urbanisation appartiennent à l'État et ne sont donc pas pris en compte après 2030. "Au moins 3.700 hectares sont sous-évalués", estime Céline Malaisé auprès de BFM Paris Île-de-France. Parmi ceux qui ne seraient pas pris en compte, il y a par exemple 300 hectares à Disneyland ou encore 110 hectares au niveau du triangle de Gonesse.
"Ces terres-là, elles seront bel et bien urbanisées", confirme l'élue d'opposition. "Cette trajectoire pour le zéro artificialisation nette est déjà totalement dépassée."
Du côté des écologistes, "on n'a pas la même vision que Valérie Pécresse sur l'artificialisation. Ce n'est pas du tout ambitieux. Elle ne va pas dans le sens de l'histoire", assure Kader Chibane.
Parmi les autres projets, 50 hectares sont réservés pour un possible stade pour le PSG. Par ailleurs, l'exécutif de Valérie Pécresse présente aussi une motion sur son refus d'implanter deux prisons à Noiseau et propose plutôt un agrandissement de la prison de Fresnes.
"La ville de Magnanville a particulièrement été meurtrie", se remémore Valérie Pécresse après l'assassinat d'un couple de policiers en 2016. "Nous ne voulons pas que cette prison soit implantée en face du lycée. Il y a sur le territoire de la vallée de Seine des friches industrielles sur lesquelles nous pensons qu'il peut y avoir un projet alternatif", conclut Valérie Pécresse, au micro de BFM Paris Île-de-France.