"Honteux": Stéphane Troussel répond au président du Medef sur le trafic de drogue "premier employeur" de Seine-Saint-Denis

Le président PS du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel en juillet 2019 à Paris - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), a dénoncé ce mardi les propos "faux" et "stigmatisants" du président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux déclarant que "le premier employeur" du département était "le trafic de drogues".
"Il y a une économie parallèle en banlieue, il faut dire ce qui est, le premier employeur de la Seine-Saint-Denis, c'est probablement le trafic de drogues", a déclaré le patron des patrons mardi matin sur France Inter en réponse aux difficultés socio-économiques de la banlieue et à la flambée de violences.
Dans une lettre ouverte, consultée par l'AFP, Stéphane Troussel a déploré que "par ces propos tout aussi faux que stigmatisants, il met à mal des années d'efforts pour améliorer la vie et l'image des quartiers populaires, de la part de tous les acteurs et toutes les actrices de terrain dans nos banlieues".
"Cette phrase était caricaturale. Je la regrette car elle a pu blesser les habitants du 93. Comme je le dis après dans l'interview, la majorité silencieuse travaille et souffre de cette économie souterraine", a réagi le patron du Medef sur Twitter après l'indignation suscitée par ses propos.
"Le premier employeur de Seine-Saint-Denis, c'est la puissance publique. Ce sont les soignants, les enseignants, les forces de l'ordre, les pompiers et tous les agents des services publics. Ce sont les 'premières et premiers de corvée' que cette élite déconnectée incarnée par le patron du Medef, était elle aussi bien contente d'applaudir pendant la crise sanitaire (du Covid)", a déclaré Stéphane Troussel.
Les élus de Seine-Saint-Denis s'indignent
Ces propos ont fait réagir de nombreux élus locaux. "Après l’extrême-droite c’est au tour du président du Medef d’insulter les habitants de Seine-Saint-Denis. Des propos scandaleux déconnectés de la réalité. Les habitants de Seine-Saint-Denis méritent mieux que de servir de paillasson à la bourgeoisie", estime Thomas Portes, député de la 3e circonscription de Seine-Saint-Denis.
Bastien Lachaud, député LFI de la 6e circonscription du département dénonce un "propos ignoble qui insulte tous les habitantes et habitants" de la Seine-Saint-Denis. Stéphane Peu, le député de la 2e circonscription de la Seine Saint Denis évoque une "honte".
Sandrine Rousseau se pose la question de savoir "quand va s'arrêter le déferlement de propos a minima honteux, condescendants et plus probablement racistes ?". "Les premiers employeurs de la Seine Saint Denis ce sont les ménages riches, les EPHAD, les usines, les entreprises de nettoyage, de BTP, de livraison ou de transport", assure-t-elle.
Enfin Clémentine Autain, députée LFI de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis dénonce une "fake news". "8000 agents, près de 200 métiers, le Département du 93 est le 1er employeur public du territoire. Le grand n'importe quoi, ça suffit".
Stéphane Troussel annule sa présence à un colloque
Le président du département a annoncé annuler sa présence à un colloque organisé mercredi par Geoffroy Roux de Bézieux sur le thème des Jeux olympiques et paralympiques.
Pour Stéphane Troussel, Geoffroy Roux de Bézieux "se complaît dans la fake news puisque la Seine-Saint-Denis était en 2022 le deuxième département le plus créateur d'entreprises après Paris".
En 20 ans, "le taux d'emploi de la Seine-Saint-Denis a bondi de 30%" et est "le troisième département le plus contributeur en TVA à la richesse nationale", assure Stéphane Troussel qui a invité le président du Medef à l'"accompagner dans les villes de Seine-Saint-Denis, à la rencontre de celles et ceux qui font sa richesse".