Nanterre: un homme jugé pour meurtre sur fond de rivalités entre deux familles

L'homme a été condamné par la cour d'assises des Hauts-de-Seine. Photo d'illustration - Loic Venance / AFP
Huit ans de rivalités, soldés par un meurtre: le procès d'un homme de 44 ans, accusé du meurtre d'Anouar E. sur fond de conflit entre deux familles de Nanterre, s'est ouvert ce lundi 31 mars devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine.
Le 22 juillet 2022, vers 11 heures, Anouar E. entre dans une épicerie dans le nord de Nanterre, blessé par balle. Il meurt moins d'une heure plus tard.
L'accusé, Abdel-Ghani B., est interpellé quelques semaines plus tard, en septembre 2022, en compagnie de deux témoins présents lors des faits, dont l'un d'entre eux comparaît à ses côtés pour l'avoir accueilli chez lui alors qu'il était recherché.
L'enquête mettra en évidence "un conflit opposant (les familles B. et E.) depuis de longues années, dans un contexte particulièrement houleux de violences réciproques et de menaces de représailles", selon l'ordonnance de mise en accusation que l'AFP a pu consulter.
Une rivalité qui remonte au moins à 2014
Le jour des faits, Abdel-Ghani B. reconnaît s'être trouvé sur place le matin même. Selon lui, la victime a "commencé à l'insulter et à le menacer", avant d'"ouvrir la portière de son véhicule tout en faisant un geste pour prendre quelque chose".
Il lui tire alors dessus "une fois" mais "son intention (n'est alors) que de l'impressionner", assure-t-il. La rivalité entre les deux familles remonte, selon l'ordonnance de mise en accusation, à au moins 2014.
En 2016 par exemple, le frère de l'accusé tire sur la victime. Cinq ans plus tard, Anouar E. est poursuivi pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de 60 jours au préjudice de ce même frère, qu'il "justifie" par le tir de 2016, indique l'ordonnance de mise en accusation.
L'origine du conflit? Selon la famille de la victime, une "histoire de fille" qui opposait l'homme décédé au frère de l'accusé, relate la présidente en début d'audience.
"Une exécution sur la voie publique"
Rien à voir, assure ce dernier, qui affirme que son frère aurait simplement "refusé d'être instrumentalisé dans les trafics" de la victime, poursuit la magistrate.
"Je vais être très vigilant à ce que ce procès ne soit pas le procès du défunt", a réagi auprès de l'AFP Me Fabien Arakelian, qui défend les parties civiles. "Ce dossier, c'est pour moi une exécution sur la voie publique, et rien d'autre."
L'audience a débuté avec l'interrogatoire de personnalité du principal accusé, dont le ton monte régulièrement face aux questions de la présidente et de l'avocate générale. C'est pourtant loin d'être le premier démêlé d'Abdel-Ghani B. avec la justice: il a été condamné dix fois entre 2000 et 2013, notamment pour violences aggravées.
Son co-accusé a également écopé d'une dizaine de peines entre 2015 et 2021, dont violence sans incapacité par conjoint et trafic de stupéfiants. Initialement prévu ce vendredi, le verdict est attendu ce jeudi 3 avril selon le programme consulté par l'AFP lundi à la mi-journée.