Hausse des demandes, manque de personnel... Niveau critique de places dans les crèches franciliennes

Après la pénurie d'enseignants, celle de places en crèches. La rentrée prochaine s'annonce compliquée pour les jeunes parents parisiens. Pour cause, le secteur de la petite enfance est en tension et beaucoup de familles risquent de se retrouver sans solution en septembre.
Actuellement, 41.000 enfants doivent être accueillis dans les 430 crèches municipales de la capitale. Mais ce nombre ne cesse d'augmenter alors que celui de professionnels est en baisse, forçant les parents à se tourner vers d'autres structures comme les assistantes maternelles.
De nombreux arrondissements parisiens sont déjà dans une situation compliquée. Dans le 15e, 25% des demandes ne peuvent être satisfaites, une situation que regrette le maire.
"On évalue à environ 500 le nombre de berceaux qui sont gelés par manque de personnel. La situation n'a jamais été pire qu'en ce moment", affirme Philippe Goujon, maire (LR) du 15e arrondissement, au micro de BFM Paris Île-de-France.
Même constat dans le 17e arrondissement. Invité d'Île-de-France Politiques en avril dernier, son maire Geoffroy Boulard parlait de "2800 demandes par an" avec "2300 berceaux disponibles, si on élargit à toutes les structures qui en proposent". Parmi ces derniers, seulement 950 places sont municipales.
Un secteur peu attractif
Comment expliquer cette situation? Les syndicats pointent du doigt un manque de formation mais également un désintérêt pour la profession en raison de "conditions de travail trop difficiles, de salaires pas forcément intéressants".
"Les éducatrices ne sont pas reconnues. Ils ont baissé les crédits de formation pour les écoles de puériculture en Île-de-France. Il manque 400 postes à la mairie de Paris et pour la deuxième année se profilent des refus d'accueil", explique Carole Halbutier, représentante CGT de l'intersyndicale Petite enfance 75.
De son côté, la mairie de Paris assure recruter plus de 400 professionnels de la petite enfance chaque année mais reconnaît avoir du mal à trouver des candidats formés. Un plan d'action a été lancé en septembre pour accélérer les procédures de recrutement des agents et rendre les métiers du secteur plus attractifs.
La municipalité affirme également que ce problème ne serait pas inhérent à la ville et renvoie la balle à la Région.
"Ca s'étend aussi au secteur associatif et au secteur privé marchant. C'est la Région effectivement qui dans ses compétences, a la formation professionnelle. Donc on encourage la région à développer plus de places à ce niveau-là", explique Antoine Guillou, adjoint PS à la mairie de Paris en charge des RH.
Une situation pire hors de Paris?
Car Paris n'est pas en reste par rapport aux autres départements franciliens. La capitale, avec ses 56 places en crèches publiques pour 100 enfants, fait même figure d'exception.
Dans la petite couronne, les Hauts-de-Seine n'ont que 36 places pour 100 enfants alors que les Yvelines en sont à 26, d'après les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DRESS). Les départements plus ruraux comme le Val-d'Oise et la Seine-et-Marne sont encore plus impactés avec respectivement 16 et 14 places pour 100 enfants.
Dans la pratique, les familles prioritaires sont choisies en fonction de leur composition (si un aîné est déjà inscrit ou si des jumeaux sont attendus). Mais pour beaucoup de critères, cela varie entre les villes et les commissions: certaines privilégient les jeunes mères célibataires, d'autres les parents travailleurs.
En général, les municipalités cherchent à garder un certain équilibre entre les profils afin d'assurer la mixité sociale.