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Paris Île-de-France

Tahiti, Rome, Avignon.... La carte des déplacements d'Anne d'Hidalgo depuis 2020

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BFM Paris Île-de-France a pu consulter le registre des déplacements de l'édile et de ses adjoints du début de la mandature à fin 2023. L'opposition municipale estime qu'elle en a été contrainte par la justice.

Anne Hidalgo joue la carte de la transparence. Ce jeudi 23 mai, la maire socialiste de Paris a présenté au conseil municipal la liste recensant l'ensemble de ses déplacements professionnels en dehors de la capitale -ainsi que ceux de ses adjoints depuis le début de l'actuelle mandature qui a débuté en 2020.

Voilà des mois que les opposants politiques d'Anne Hidalgo attendaient de pouvoir éplucher cette liste. Plus encore depuis le voyage polémique de l'édile en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti -le fameux "Tahiti gate"-, auquel elle avait accolé des vacances en famille. Une enquête, menée par le Parquet national financier (PNF) est en cours sur la question.

Dates, lieux, objets des missions, élus concernés: ce document recense des données portant jusqu'au 31 décembre dernier et permet d'estime la facture totale à plus de 500.000 euros. Au même titre que Le Parisien, BFM Paris Île-de-France a pu se procurer ce registre et en dévoile les enseignements.

51 voyages pour Anne Hidalgo

Sans surprise, c'est Anne Hidalgo qui domine le classement des déplacements à la mairie de Paris, avec 51 voyages. Depuis sa réélection, la candidate malheureuse à la dernière élection présidentielle a pris part à des festivals, des congrès, des rencontres, des forums, des universités d'été ou des commémorations, arborant un rôle de représentation de la capitale française.

14 de ses déplacements ont été effectués en France métropolitaine. En juillet 2020, par exemple, elle se rend à Tours pour rencontrer des maires de villes écologiques et solidaires. Le coût est limité: 134 euros. En juin 2021, elle assiste au passage du Tour de France à Brest (644,20 euros). En mars 2022, elle fait partie d'une délégation dépêchée pour la commémoration des dix ans des attentats de Toulouse et Montauban.

D'autres voyages l'emmènent en Europe, ce qui entraîne mécaniquement une explosion des prix. À Glasgow, notamment, où se tient la COP26 à cheval sur la fin du mois d'octobre et le début du mois de novembre 2021. Elle y assiste avec une adjointe et un officier de sécurité. La facture pour ce voyage frôle les 30.000 euros. À l'occasion de la COP28 deux ans plus tard, l'édile parisienne s'est aussi rendue à Dubaï avec deux autres représentants parisiens.

S'y ajoutent, pour ne citer qu'eux, un séjour à Rome (plus de 9.000 euros pour quatre personnes) pour rencontrer le Pape, ou à Erevan (Arménie) pour cultiver des liens avec les autorités arméniennes (11.537,23 euros pour une délégation de six personnes).

Plus la distance de Paris grandit, plus l'addition est salée. Il faut compter entre 18 et 19.000 euros pour aller à Buenos Aires (Argentine) et Kigali (Rwanda), environ 24.000 euros pour se rendre respectivement à Abidjan (Côte d'Ivoire) et New York. Et donc plus de 37.000 euros pour le voyage contesté en Polynésie française, là encore pour approfondir les relations avec les territoires ultramarins, mais aussi visiter le site olympique de surf.

Arnaud Ngatcha, un adjoint toujours en déplacement

Parmi les adjoints d'Anne Hidalgo, Arnaud Ngatcha est de loin celui qui se déplace le plus. Il totalise 41 déplacements entre le 3 juillet 2020 et le 31 décembre 2023.

Ce n'est pas surprenant compte tenu de sa délégation: Arnaud Ngatcha est adjoint à la maire de Paris en charge de l'Europe, des relations internationales et de la francophonie.

Il devance Pierre Rabadan. L'ancien rugbyman, adjoint chargé du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine, cumule 21 voyages.

Un portefeuille qui l'emmène par exemple à Lisbonne en août 2020, où il assiste à la finale de la Ligue des champions de football opposant le PSG au Bayern Munich. Ou encore à Tokyo, en 2021, pour observer le déroulement des JO. Il est également du fameux voyage d'Anne Hidalgo à Nouméa et Papeete fin 2023.

Audrey Pulvar complète le podium des adjoints à la mairie de Paris le plus souvent en déplacement. L'élue consacrée à l'alimentation durable, l'agriculture aux circuits courts compte 16 voyages à son actif. La plupart la conduisent en France, pour des coûts n'excédant par les 500 euros.

Un conseil de Paris "dans l'illégalité jusqu'à présent?"

Dans l'hémicycle parisien, David Alphand, vice-président du groupe Changer Paris, a affirmé que la justice avait condamné Anne Hidalgo à révéler la liste de ses déplacements et qu'elle ne l'avait pas fait de son plein gré. "Elle aurait pu faire la transparence d'elle-même", plaide l'élu.

Et d'ajouter, sur le réseau social X: "Pendant des années, Anne Hidalgo a refusé de dévoiler ses notes de frais. Et tout d'un coup, elle se pique de transparence en conseil de Paris! Est-ce lié à l'enquête judiciaire pour détournement de fonds publics après les perquisitions des bureaux de Mme Hidalgo...?"

Avec cette délibération, ajoute-t-il dans un communiqué, le conseil de Paris "reconnaît qu'il était dans l'illégalité jusqu'à présent".

S'il insiste sur le fait que la maire de la capitale aura à "s'expliquer devant la justice", David Alphand met tout même en doute le bien-fondé de certains voyages, en particulier au Festival d'Avignon, au Festival de Cannes, où à Montpellier, en septembre 2021, au moment des journées parlementaires des élus socialistes.

"Surtout, ce que j'aimerais relever, c'est d'abord les déplacements de M. Romero", a-t-il ajouté, en référence à Jean-Luc Romero, adjoint en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations.

Barcelone, New York, Montréal, Amsterdam, Londres: l'élu s'est rendu dans différentes villes dans le cadre du projet de création à Paris d'un centre d'archives dédié à la communauté LGBTQI+. " Ça l'amène à voyager beaucoup", ironise David Alphand, qui estime dans le même temps que ledit projet est aujourd'hui "enlisé".

Adjoint d'Anne Hidalgo en charge de l'organisation du conseil de Paris, Patrick Bloche trouve "douteux de mettre en cause nommément" Jean-Luc Romero. Le socialiste juge "discriminatoires" les propos de David Alphand et indique que les frais de voyage de l'adjoint en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations sont liés à "son handicap".

Interrogé par BFM Paris Île-de-France, Jean-Luc Romero répond: "Je n’ai pas envie de m’abaisser à leur niveau de polémique".

Florian Bouhot, avec Nicolas Dumas et Théophile Magoria