Suicide d'Evaëlle: 18 mois de prison avec sursis requis contre l'enseignante, le jugement mis en délibéré

L'ESSENTIEL
- Evaëlle, une enfant de 11 ans victime de harcèlement scolaire, s'était suicidée en juin dernier 2019. Ses parents avaient décidé de porter plainte contre son enseignante. Lire l'article
- La professeure encourt deux ans de prison et 30.000 euros d'amende. Sous contrôle judiciaire depuis cinq ans, l'enseignante ne peut plus faire cours à des mineurs et a des obligations de soins. Lire l'article
- Les parents d'Evaëlle ont raconté lundi, devant le tribunal, le calvaire vécu par leur fille avant son suicide et leur combat depuis. "Elle n’a trouvé qu’une seule solution pour s’échapper", a regretté son père. Lire l'article
"Je trouve ça très gênant qu’elle n’ai pas eu le moindre mot d’empathie, c’est très glaçant", souligne la mère de la collégienne
"Je trouve ça très gênant qu’elle n’ai pas eu le moindre mot d’empathie, c’est très glaçant. (….) Maintenant rendez-vous le 10 avril. J’espère que le juge n'est pas dupe ça", a déclaré la mère de la collégienne.
C'est la fin de ce direct, merci de l'avoir suivi.
"Je suis très contente que la procureure ait compris ce que Evaëlle a vécu", déclare la mère de la collégienne
La procureure a requis, ce mardi 11 février, 18 mois de prison avec sursis à l'encontre de l'enseignante d'Evaëlle.
Une décision qui satisfait la mère la collégienne. "Moi je suis très contente qu'enfin un professionnel, la procureure, ait compris ce que Evaëlle a vécu, qu’elle ait requis 18 mois avec sursis", a-t-elle déclaré à BFMTV.
"Ce n’était pas des caprices de parents, il y a eu un problème", a-t-elle ajouté.
Le jugement mis en délibéré au 10 avril
Le jugement a été mis en délibéré au 10 avril prochain, à 13 heures 30.
18 mois de prison avec sursis requis contre l'enseignante jugée pour harcèlement
La procureure a requis, ce mardi 11 février, 18 mois de prison avec sursis à l'encontre de l'enseignante d'Evaëlle, jugée pour harcèlement moral sur mineurs, considérant qu'elle a "jeté en pâture" l'adolescente qui a fini par se suicider à 11 ans en 2019.
L'avocate des parents d'Evaëlle charge la professeure
Lors de sa plaidoirie, Me Delphine Meillet avocate des parents d'Evaëlle, s'en est pris directement à Pascale.B..
"Pensons enfin à l'attitude de Madame B. qui ne doute pas un instant, qui a laissé faire les harceleurs et qui s’est acharnée elle-même. Cette attitude m’est insupportable", a-t-elle cinglé.
"Cet endurcissement, je ne l’ai trouvé aux assises que face à des criminels endurcis et des terroristes sans remords", a-t-elle ajouté.
"Pensons à ces moments fatidiques où dans la salle de classe, Evaëlle a perdu espoir", plaide l'avocate des parents de la collégienne
Me Delphine Meillet, avocate des parents d'Evaëlle, a commencé sa plaidoirie avec des paroles fortes.
"Pensons à la perte abyssale des parents d’Evaëlle, à la vie qu’elle aurait dû avoir, si elle n’avait pas mis fin à ses jours. Pensons à la responsabilité de l’institution", a -t-elle déclaré.
"Pensons à ces moments fatidiques où dans la salle de classe, Evaëlle a perdu espoir", a-t-elle ajouté.
"Oui je lui ai dit d'arrêter de pleurer, mais je n'ai pas humilié Evaëlle", assure la professeure
Durant l'audience, la professeure a longuement été interrogée sur l'heure de vie de classe où la collégienne aurait été humiliée devant sa classe.
"Oui je lui ai dit d'arrêter de pleurer, mais je n'ai pas humilié Evaëlle", a assuré la professeure.
"Ce qui me blesse c’est qu’on me dise que je suis responsable de la mort d’Evaëlle", déplore la professeure
Face à la procureure, l'enseignante a continué de plaider son innocence. "Ce qui me blesse, c’est qu’on me dise que je suis responsable de la mort d’Evaëlle", a-t-elle déclaré.
La procureure l'a ensuite interrogé les témoignages des élèves. "Je constate avec effarement que des enfants rapportent des mots blessants et humiliants de votre part. Vous n'avez pris aucune précaution avec de jeunes élèves de 6e?", a demandé la magistrate.
"Oui je le comprends que ce soit blessant, ce n’était pas opportun", a répondu l'enseignante du bout des lèvres.
"Je suis un être humain normal qui en a pris plein la figure", se défend l'enseignante
Devant la cour, la professeure a été interrogée sur son manque d'empathie.
"On ne m’a jamais dit que je manquais d'empathie, mais depuis 6 ans. Il a fallu que je me blinde", s'est-elle défendue.
"Je suis un être humain normal qui en a pris plein la figure, qui reconnaît ses erreurs quand elle en fait", a-t-elle ajouté.
"Jamais de sa faute": pour la mère d'Evaëlle, l'enseignante "commence à montrer son vrai visage"
Interrogée par la presse à l'issue de l'interrogatoire de l'enseignante accusée de harcèlement, la mère d'Evaëlle estime que Pascale B. "commence à montrer son vrai visage".
"Ce n'est jamais de sa faute, ça peut être un collègue qui a mal compris ou des enfants (...) quand il y a une accumulation et un faisceau d'indices ça devient un peu difficile de tout réfuter", ajoute-t-elle, décrivant une personne "non empathique".
"Je lui ai dit d'arrêter de pleurer": Evaëlle sommée de répondre aux questions de ses camarades harceleurs
L'interrogatoire de la professeure se poursuit. La présidente aborde un moment où, lors de 2 heures de vie de classe, Evaëlle a été sommée de répondre aux questions de ses camarades harceleurs, en larmes, debout face à la classe.
"Oui je lui ai dit d’arrêter de pleurer, ce que je voulais c’était régler le problème entre Evaëlle et ses camarades", explique la professeure.
L’adolescente, elle, a confié à ses parents que "c’était le pire jour de sa vie" en rentrant le soir.
L'enseignante reconnait être "exigeante" avec ses élèves
L'enseignante est désormais interrogée par la présidente de la cour. Questionnée sur sa façon de s'adresser aux élèves, la professeure se justifie sur chaque point, sans remise en question de ses méthodes d'enseignement.
"Dire aux élèves 'tu es nul, t’as pas de cerveau', vous pensez que ca les fait progresser?", demande-t-elle. "Je conteste avoir dit cela mais c'est vrai que je suis exigente, mais ca n’exclut pas d’être à l’écoute. C’est dans mon caractère d’avoir un échange avec les élèves, à dire les choses assez facilement", répond la professeure.
Interrogée sur l'isolement d'Evaëlle au fond de la classe, l'enseignante assure que "ça n'a pas duré longtemps".
La présidente enchaine: "Evaëlle avait mal au dos, elle demande à avoir un classeur au lieu de plusieurs cahiers et vous etes la seule prof a avoir refusé?". "Oui car elle ne s’en sortait pas avec ce classeur, il aurait fallu mettre en place un protocole spécial", assure-t-elle.
Pascale B. dénonce devant la cour "une pression quotidienne" depuis six ans
Ce mardi, la professeure Pascale B., ancienne professeure de français d'Evaëlle en 6e est à la barre. Au moment du suicide de l'élève, cela faisait 30 ans qu’elle était enseignante.
La justice lui reproche d’avoir harcelé, moqué, humilié Evaëlle pendant plusieurs mois. La mise en cause conteste ces accusations. Si elle explique qu’elle peut être cash dans ses méthodes d’enseignement, pour elle ce n’est pas du harcèlement.
Face au tribunal, elle explique que "le plus violent pour elle était d’entendre qu’elle était responsable de la mort d’Evaëlle."
"Me dire que je suis responsable, c’est extrêmement choquant" dit Pascale B, qui parle d'une "pression quotidienne" depuis six ans.
Dans ce propos liminaire, la professeure n'a pas eu un mot ni pour Evaëlle ni pour ses parents, assis derrière elle.
"Evaëlle ne sera pas morte pour rien": l'ancien proviseur longuement interrogé
L'ancien proviseur de l'établissement a aussi été longuement interrogé lundi. Il est revenu sur les conséquences de la mort de la collégienne.
"Evaëlle ne sera pas morte pour rien. Chaque jour je pense à elle, je lui parle, derrière chaque sourire d’enfant je vois le sien. Derrière chaque silence je me dis qu’il y a peut-être une souffrance", a-t-il indiqué.
Il a aussi été questionné sur sa gestion du harcèlement dénoncée à l'époque par Evaëlle et ses parents.
"Sur mes trois ans au collège, on ne se plaignait pas de Madame B., mais je reconnais aujourd'hui que les parents ont eu un comportement exemplaire", a-t-il déclaré.
"Elle n’a trouvé qu’une seule solution pour s’échapper”: les parents d'Evaëlle ont témoigné devant la cour
Les parents d'Evaëlle ont pris la parole lundi lors du premier jour du procès.
"Elle n’a pas eu le temps de vider tout ce qu’elle avait accumulé. Elle a vu que les élèves harceleurs n’étaient pas du tout sanctionnés. Elle n’a trouvé qu’une seule solution pour s’échapper", a regretté son père, qui l'a découverte inanimée le 21 juin 2019.
"Tout s’est écroulé quand Evaëlle a disparu. Toutes mes valeurs se sont effondrées”, a-t-il à la barre.
L'enseignante d'Evaëlle interrogée ce mardi matin
Bonjour et bienvenue dans ce direct consacré au deuxième jour du procès de l'enseignante d'Evaelle, jugée pour harcèlement. Après les auditions des parties civiles la veille, la professeure est entendue à la barre ce mardi matin.
Après l'interrogatoire de l'enseignante, les plaidoiries des parties civiles puis les réquisitions du parquet et les plaidoiries de la défense sont attendues.