BFMTV
Paris Île-de-France

Des fermetures administratives "à tout prix": des restaurateurs parisiens font part de leur ras-le-bol

placeholder video
Des restaurateurs déplorent des fermetures administratives abusives, après l'intensification des contrôles de police ces dernières semaines.

À Paris et en petite couronne, les fermetures administratives de commerces restaurants s'intensifient. Il y en a eu 256 depuis le début de l'année. Le résultat d’une intensification des contrôles de police ces dernières semaines pour surveiller notamment le respect du couvre-feu.

Une mesure qui passe mal pour les professionnels concernés, déjà happés par la situation sanitaire. Certains n’hésitent pas à afficher leur mécontentement en vitrine face à des fermetures qu'ils jugent abusives. "Deux cafés servis dans des tasses en attente d’un plat à emporter = 15 jours de fermeture administrative" pouvait-on par exemple lire, ce mercredi, sur la devanture d’un établissement du 13ème arrondissement.

À Paris, de plus en plus de restaurants ferment administrativement après l'intensification des contrôles de police ces dernières semaines. Les professionnels de la restauration dénoncent "l'abus des autorités".
À Paris, de plus en plus de restaurants ferment administrativement après l'intensification des contrôles de police ces dernières semaines. Les professionnels de la restauration dénoncent "l'abus des autorités". © BFM Paris

Des fermetures "à tout prix"

Au micro de BFM Paris, Marc un restaurateur, dénonce l'abus des autorités. "J'ai fait une table de copains il y a 10 jours, on s'était enfermé à clé. La police a toqué à la porte (...) ils sont venus de manière inopinée." Résultat: tous les convives repartent verbalisés et l'établissement est fermé administrativement.

Ces fermetures administratives sont souvent prises au mépris du droit selon un Me Henri de Beauregard, avocat au bareau de Paris.

"Ces fermetures n'étaient pas même précédées de la mise en demeur préalable qui est pourtant expressément prévue par le décret. Il y a eu un accroissement du caractère très contraignant et pointilleux des contrôles. L'impression d'urgence qui veut à tout prix des fermetures nombreuses et très vites", décrypte l'avocat.

Faire preuve de pédagogie

La préfecture de police assure que les gérants d'établissements ont la possibilité de contester ces procédures devant un tribunal administratif, mais que la plupart sont rejetées. Pour Maître De Beauregard, ils sont simplement trop peu nombreux à aller jusqu'au bout.

"Si toutes celles qui ont été prononcées sans mise en demeure préalable, étaient toute soumise au tribunal administratif, elles seraient toutes annulées".

Plusieurs élus locaux sont montés au créneau et demandent à la préfecture de faire preuve de pédagogie.

"Il ne faut pas que tout soit automatique. C'est-à-dire la succession des sanctions et leur lourdeur" explique à BFM Paris Jérôme Coumet, maire du 13ème arrondissement, qui tient à rappeler que la majorité des commerces jouent le jeu.

Car l'enjeu est de taille, ce genre de sanction, même provisoire, peut conditionner l'attribution ou non d'aides publiques en période de crise sanitaire.

Raphaël Maillochon, Jean-Baptiste Graziani et Alicia Foricher