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Paris Île-de-France

Crack à Paris: Hidalgo charge Darmanin et annonce saisir la justice pour "non action de l'Etat"

Anne Hidalgo au Conseil de Paris ce mercredi 9 février 2022.

Anne Hidalgo au Conseil de Paris ce mercredi 9 février 2022. - Mairie de Paris

Anne Hidalgo a annoncé une action commune de la ville de Paris avec Pantin et Aubervilliers devant le tribunal administratif, afin de faire reconnaître la "non action de l'Etat" concernant la question du crack dans le nord-est parisien.

La question du crack s'est à nouveau invitée au Conseil de Paris ce mercredi, à l'occasion d'une séance de questions d'actualité, en présence du préfet de police de Paris. L'exécutif parisien est revenu sur le dernier point de désaccord avec la préfecture: le déplacement des toxicomanes un temps envisagé dans le 12e, finalement abandonnée.

"Nous ne pouvons pas être d'accord pour le déplacement régulier de ces lieux de deal et de consommation" a martelé Anne Hidalgo tout en appelant à une solution "globale", alliant réponse sanitaire et policière.

Darmanin pointé du doigt

La maire de Paris a d'ailleurs mis directement en cause le ministre de l'Intérieur, responsable selon elle de la situation de blocage dans le nord parisien. A la tribune, Anne Hidalgo a révélé s'être entretenue avec Jean Castex et le préfet de région mardi soir, à l'occasion du dîner annuel du Conseil des associations arméniennes.

"J'ai pu mesurer, notamment avec le préfet de région et le Premier ministre, combien le fait qu'il n'y ait pas un accord au sein du gouvernement est en fait notre problème", a indiqué Anne Hidalgo.

"Parce que le Premier ministre a arbitré une position qui consiste à dire: il faut cette approche globale. Et puis nous avons un problème, puisque cette position n'est pas soutenue par le ministre de l'Intérieur. Nous n'avons pas le soutien de la force de police", a ajouté la maire de Paris.

A ses côtés à la tribune, le préfet de police Didier Lallement a pris la défense de Gérald Darmanin, saluant "un excellent ministre de l'Intérieur, qui fait très bien son travail".

Face au blocage, direction la justice

Face à ce blocage, la mairie de Paris a décidé de se tourner vers la justice. Si fin janvier, la maire de Paris avait annoncé saisir la Cour européenne des droits de l'Homme, c'est finalement vers le tribunal administratif qu'elle se tourne. "La chose est très simple à comprendre: nous mettons en cause la non-action de l'Etat et nous allons demander au tribunal administratif d'en juger", a indiqué Anne Hidalgo.

"Nous avons décidé avec la maire de Paris, les maires de Pantin et d'Aubervilliers et le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, de saisir le tribunal administratif de Paris d'une requête en 'référé mesures utiles', afin que l'Etat prenne des mesures d'urgence, afin de résoudre la situation très préoccupante à laquelle nous assistons depuis des mois à la porte de la Villette", a précisé Nicolas Nordman, maire-adjoint à la sécurité.

"Il revient à l'Etat d'assurer la prise en charge sanitaire et sociale des usagers de drogue", a encore rappelé l'élu.

Didier Lallement s'est "étonné" de ce recours, reprochant à l'exécutif parisien d'appeler à la fois à collaborer tout en attaquant l'Etat. "Vous êtes dans une collaboration sur le plan crack ou dans un conflit d'ordre juridictionnel avec l'Etat? Vous ne pouvez pas à la fois appeler à une solution commune et en même temps expliquer qu'il y a un débat devant les tribunaux", s'est agacé Didier Lallement.

Face à des élus qui réclament "en urgence" des solutions, le préfet a par ailleurs prévenu: "les résultats vont être longs à atteindre et longs à attendre". Et d'ajouter: "Il faut vous dire la vérité, ça risque d'être long". En attendant, la majorité a à nouveau demandé à la maire de Paris "d'interpeller le Premier ministre".

https://twitter.com/caroleblanchard Carole Blanchard Cheffe de service BFM Régions