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Paris Île-de-France

Covid-19: à Paris, le monde du spectacle vivant toujours à la peine et dans le "flou"

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Manque de public et recettes en berne: les petites salles de spectacle parisiennes n'ont toujours pas retrouvé une activité normale. Les acteurs du secteur attendent désormais des mesures.

Du gel hydroalcoolique, des affichettes rappelant l'obligation de porter un masque et même des néons permettant de nettoyer les salles à l'aide d'une lumière germicide: le théâtre de l'Européen, dans le 17e arrondissement de Paris, n'a pas lésiné sur les moyens pour rassurer le public en cette période d'épidémie.

Mais malgré le strict respect des mesures sanitaires, les spectateurs se font rares dans cette petite salle parisienne. Et même en cas de succès, ce théâtre ne peut pour l'instant accueillir que 240 personnes, contre 350 en temps normal.

"Quelque soit le business, si on nous dit qu'on perd 30% de notre chiffre d'affaires ou qu'on réduit nos capacités, oui c'est un souci, déplore au micro de BFM Paris Sébastien Beslon, directeur de l'Européen.

Une "chute colossale du chiffre d'affaires"

Invité de notre antenne ce mardi, Olivier Darbois producteur de spectacles et vice-président du Prodiss, le syndicat national du spectacl musical et de variété, a quant à lui déploré la "chute colossale du chiffre d'affaires" et la "casse économique" que subissait le monde du spectacle vivant aujourd'hui, à Paris comme en région. Et ce malgré le chômage partiel, qui "désimpacte une partie de nos charges" mais qui "n'est pas salvateur et est loin de sauver les entreprises".

Pour compenser des recettes en berne, Angelo Gopee, patron de la société de production de concerts Live nation France, a quant à lui estimé auprès de l'AFP que les entreprises du spectacle vivant devraient être "exonérées des charges, jusqu'à la fin de l'année". À plus long terme, il en appelle également à un "plan de reprise", pour "faire revenir les gens dans les salles".

"On n'a pas de visibilité"

Pour pallier ce manque cruel de recettes et de public, les petites salles de spectacle parisiennes aimeraient pouvoir revenir à une activité normale et accueillir de nouveau du public à la hauteur de leurs capacités habituelles. Mais cette reprise espérée ne dépend pas des salles, qui attendent une direction claire de la part du gouvernement.

"Pour le moment ça reste flou parce qu'on n'a pas encore de visibilité sur septembre-octobre, sur ce qu'il va se passer, ce que le gouvernement va encore annoncer", explique Nadrah Keilanur, responsable d'exploitation au théâtre du Point Virgule.

Malgré une incertitude qui dure depuis des mois, elle assure que les équipes continuent à s'investir: "On se projette déjà jusqu'à fin décembre, la programmation suit son court. Après, on s'adaptera en fonction de ce qu'annoncera le gouvernement."

La visibilité sur les mois à venir est d'autant plus importante pour les professionnels du spectacle vivant tant leur activité repose sur de l'anticipation, à l'exemple des répétitions d'acteurs. "Il y a un temps incompressible pour lancer nos spectacles", explique ainsi Olivier Darbois.

Des réunions prévues au ministère de la Culture

Outre l'interdiction des rassemblements de plus de 5000 personnes jusqu'au 30 octobre - au moins -, théâtres et salles de concert ne savent pas de quoi l'avenir sera fait.

Le monde du spectacle vivant attend désormais des mesures de la part du gouvernement, ou du moins une ligne claire à suivre dans les moins à venir, tant l'anticipation est importante dans ce secteur. À partir de mercredi, une série de tête à tête doit avoir lieu entre divers représentants de cette activité et Roselyne Bachelot, ministre de la Culture.

Juliette Mitoyen Journaliste BFM Régions