Conseil de Paris: Rachida Dati demande un audit des finances de la ville, Anne Hidalgo l'attaque sur son potentiel procès

La conseillère de Paris et ministre de la Culture Rachida Dati et la maire de Paris Anne Hidalgo. - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
D'un côté, la maire vent debout contre le budget 2025. De l'autre, la ministre de la Culture qui réclame plus de contrôle des dépenses à Paris. Alors que le conseil de Paris a débuté ce mardi 19 novembre avec le débat d'orientation budgétaire, la maire du 7e arrondissement, Rachida Dati, est intervenue pour demander un audit sur les finances de la ville de Paris.
"Au nom de mon groupe, nous proposons des mesures de bon sens pour faire des économies et préparer l'avenir", a lancé la ministre de la Culture.
Un seul objectif: "l'amélioration du cadre de vie des Parisiens"
Pour la maire du 7e arrondissement, cet audit "indépendant" et "complet" doit permettre "d'établir un plan d'économie et d'investissement réaliste". L'objectif selon elle: "l'amélioration du cadre de vie des Parisiens."
Une intervention en plein débat sur les orientations budgétaires de la capitale pour l'année 2025. Ce dernier prévoit 11,3 milliards d'euros de dépenses, dont 1,7 milliard d'investissements, en légère baisse par rapport à 2024.
Des débats qui pourraient "être anecdotiques si vous n'aviez pas plongé Paris dans une situation extrêmement grave", a accusé Rachida Dati.
"Aujourd'hui, vous préparez déjà les Parisiens à une nouvelle hausse d'impôts. Face à votre trajectoire insoutenable que vous n'avez que deux réponses: soit augmenter les impôts, soit accuser l'Etat. Quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre. Ce n'est évidemment jamais de votre responsabilité", a-t-elle poursuivi.
Et d'ajouter: "Les Parisiens ne sont pas dupes, bien au contraire, ils sont chaque jour un peu plus lucides sur votre bilan", a assuré la maire du 7e arrondissement et co-présidente du groupe Changer Paris.
Elle accuse Anne Hidalgo et sa majorité d'avoir "multiplié la dette par 4" depuis le début de leur mandat et même par "12" depuis 2001. Même reproche pour la taxe foncière, qui a augmentée de "83%" selon Rachida Dati.
"Les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 27%. Les dépenses de personnel ont augmenté de 37% depuis 2013, soit 800 millions d'euros. Enfin, les recettes issues de l'augmentation de la taxe foncière n'ont, à ce jour, servi à rien. Où sont passés les 750 millions d'euros supplémentaires que vous avez ponctionné aux Parisiens?", s'interroge enfin Rachida Dati.
"Quels sont les intérêts pour lesquels vous travaillez", demande Hidalgo
Anne Hidalgo a ensuite repris la parole et a rapidement critiqué le budget 2025 du gouvernement Barnier auquel appartient son opposante. "Vous, qui êtes ministre de la Culture, qui a déjà vu dans le projet de loi de finance 2024 son budget fondre d'environ 200 millions d'euros. Sans avoir pu faire quoi que ce soit, ni même décidé de quoi que ce soit (...) Vous osez nous parler de train de vie?", a-t-elle lancé.
Avant de pointer du doigt le procès requis contre Rachida Dati et Carlos Ghosn, ancien patron du groupe automobile Renault-Nissan par le Parquet national financier (PNF) pour corruption et trafic d'influence.
Rachida Dati est soupçonnée d'avoir perçu 900.000 euros de la part de RNBV, filiale de l'alliance Renault-Nissan, sans contrepartie d'un travail réel, entre 2010 et 2012, alors qu'elle était avocate et députée européenne (2009-2019) - ce qui pourrait avoir servi à masquer une activité de lobbying au Parlement européen.
"Madame Dati, je vais vous dire quelque chose. Et vraiment, j'ai beaucoup de respect pour nos fonctions d'élus. Mais il y a quelque chose que les Parisiens doivent maintenant savoir. Quels sont les intérêts pour lesquels vous travaillez réellement?", s'est interrogé Anne Hidalgo.
"C'est à la justice de trancher sur cette question, et je sais qu'elle est en train de le faire. J'espère qu'elle le fera dans les bons délais. Que cette question-là, permettra quand même de savoir d'où on parle? D'où émane la critique? Et pour qui on travaille?", demande Anne Hidalgo à Rachida Dati.
Une réponse "pas à la hauteur" selon Szpiner
Anne Hidalgo dit attendre de la transparence de la part de Rachida Dati. "J'espère pour les Parisiennes et pour les Parisiens que vous serez en mesure de leur dire, les yeux dans les yeux. Pour quels intérêts vous travaillez réellement? C'est une question démocratique essentielle. Sur laquelle, vous devrez répondre", appuie l'édile, tout en rappelant que Rachida Dati est présumée innocente.
Face aux propos d'Anne Hidalgo, c'est Francis Szpiner, président du groupe Demain Paris, qui a, par la suite, pris la parole pour répondre à la maire de la capitale.
"Le débat républicain, c'est un débat d'idées", a-t-il rétorqué. Et de poursuivre: "Que Madame Dati critique votre budget, elle n'est pas la seule, c'est le rôle de l'opposition. Elle l'a fait en des termes qu'ils l'étaient. Ils n'ont jamais été discourtois, insultants ou diffamatoires. La réponse que vous faites, n'est pas à la hauteur du débat que vous souhaitez."
"On ne peut pas dire: 'vous êtes présumée innocente', 'mais quand même'. Ça ne trompe personne. Je souhaite que le débat soit un débat républicain. Projet contre projet", a-t-il terminé en conclusion.