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Paris Île-de-France

Câble A: le report de l'évacuation d'un campement illégal fait craindre un retard des travaux

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Les travaux du téléphérique du Val-de-Marne pourraient prendre du retard. Un campement illégal se trouve sur l'emplacement de la future gare de Limeil-Brévannes, qui tarde à être évacué.

C'est un projet très attendu dans le Val-de-Marne mais qui pourrait prendre du retard. La mise en service du premier téléphérique d'Ile-de-France, nommé "Câble 1", est prévue à l'horizon 2025. La ligne, qui doit relier Créteil à Villeneuve-Saint-Georges via Limeil-Brévannes, doit voir ses travaux débuter pour le deuxième trimestre de l’année 2022.

Le projet avait été approuvé par Ile-de-France Mobilités (IDFM) le 23 février dernier. Cependant, cette ligne suscite quelques inquiétudes chez les riverains et quelques élus locaux.

Outre ces réserves sur le projet, celui-ci pourrait être retardé par une autre situation. Les riverains ont d'abord alerté sur les risques face à leur intimité à cause de la proximité avec des habitations notamment. Des risques qui ont été traités par IDFM, qui assure que les cabines seront opaques.

Le démantèlement d'un camp repoussé

Outre ces réserves sur le projet, celui-ci pourrait être retardé par une autre situation. Cette fois-ci, c’est la zone de travaux située sur Limeil-Brévannes qui inquiète. Un campement illégal est en effet installé sur place depuis le 28 juin 2021.

Le tribunal avait ordonné son expulsion à partir du 25 mars 2022. Lors d’une réunion le 29 mars dernier, la préfecture se serait engagée sur la date du 13 avril pour procéder au démantèlement du camp, permettant ainsi le démarrage des travaux.

Problème, la veille, mardi à 17 heures, soit moins de 24 heures avant l’expulsion, la préfecture a annulé sa décision, au motif du "manque d’effectifs de police", selon le communiqué de la mairie.

"Ça a été une grosse surprise", explique Françoise Lecoufle, maire de Limeil-Brévannes, invitée de BFM Paris Ile-de-France ce jeudi. "C'est vrai qu'on est en période électorale donc on a compris que ça les ennuyait un petit peu d'agir à ce moment-là".

Des retards à venir?

L'incompréhension domine chez l'élue qui craint des retards dans les travaux. "Vous avez 3000 habitants qui sont arrivés en 2012 (dans la commune), à qui on a vendu des appartements en disant 'ça y est le téléphérique est là', le téléphérique n'est toujours pas là", souffle la maire.

Autre conséquence, cette fois-ci financière. "Plus le camp va rester longtemps, plus le coût de démantèlement du camp va être important, parce qu'on aura de plus en plus de déchets", estime Françoise Lecoufle. IDFM, porteur du projet, a d'ailleurs engagé des centaines de milliers d’euros pour remettre le site en état.

Pour elle, les habitants, la ville de Limeil-Brévannes et les collectivités territoriales sont "ouvertement méprisés par l’Etat". "On n'a aucune date, on est sans perspectives", souffle l'élue locale.

Une pétition lancée

Dans son communiqué, la mairie de Limeil-Brévannes assure que l’Etat interrompt "brutalement le démarrage des travaux", et s’interroge sur "les réelles motivations de cette décision, qui survient au lendemain du 1er tour de l’élection présidentielle". La ville a lancé mercredi une pétition pour exiger le démantèlement du camp sans attendre.

"Je pense que ça va se mobiliser, pas seulement à Limeil-Brévannes mais toute la population valentonaise, villeneuvoise qui attende aussi ce projet", juge l'élue. Ce projet "désenclave une zone blanche".

Le démantèlement seulement reporté de quelques jours?

De son côté, le député LaREM du Val-de-Marne, Laurent Saint-Martin, a annoncé sur ses réseaux sociaux ce mercredi que "l'Etat ne bloque pas le projet de téléphérique".

"Je me suis entretenu avec la préfète du Val-de-Marne qui m’a assuré que l’opération d’évacuation du camp était reportée de quelques jours, afin de s’occuper dignement et dans les meilleures conditions de toutes les personnes à déplacer", indique ce dernier.

La maire sans nouvelles de la préfecture

Françoise Lecoufle maintient sa position. "Je n'ai aucune information de la préfecture que ce serait reporté de quelques jours ou de quelques semaines", explique l'élue au micro de BFM Paris.

"Le refus de la préfecture de procéder à l’évacuation de ce camp qui dure depuis neuf mois bloque le projet: il est impossible de procéder aux fouilles archéologiques préalables aux travaux", martèle cette dernière sur ses réseaux sociaux.

"Je ne comprends pas que l’Etat s’empêche d’appliquer la loi en période électorale : le camp abrite toujours autant de monde, et pas plus que ces dernières semaines, comme en attestent les rapports de ma police municipale, transmis par ailleurs à la préfecture", assure l'élue.

Le premier télécabine francilien sera composé de cabines de 10 places assises et effectuera la liaison en 18 minutes. L'infrastructure est financée à hauteur de 132 millions: 49% par la Région Ile-de-France, 30% par le département du Val-de-Marne et 21% par l'Etat. Île-de-France Mobilités financera, quant à elle, les télécabines et les coûts d’exploitations de la ligne, comme pour l’ensemble des lignes "classiques" de transports en commun.

Alicia Foricher