BFMTV
Paris Île-de-France

Athlètes, épreuves, lieux: à quoi ressemblaient les Jeux olympiques de Paris en 1924?

La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de 1924, à Colombes.

La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de 1924, à Colombes. - Agence Rol/Gallica/BNF

Cette édition marque un tournant dans l'histoire de l'événement. Jamais il n'avait réuni autant de sportifs et suscité autant d'enthousiasme chez les spectateurs. 100 ans plus tard, les JO s'apprêtent à revenir à Paris.

Voilà le compte à rebours lancé. Dans un an tout rond, sera donné le coup d'envoi des Jeux olympiques 2024, à Paris. Un événement planétaire dont ces quelques chiffres disent tout de la démesure qu'il a atteint aujourd'hui: plus de 200 drapeaux représentés, environ 10.000 athlètes engagés et au moins trois milliards de téléspectateurs attendus.

2024 marquera aussi un centenaire: celui de ce qu'on appelait alors les Jeux de la VIIIe Olympiade. Sélectionnée par le Comité international olympique, Paris les avait accueillis en 1924 au détriment de Los Angeles, Prague ou Rome. À l'époque, cette édition constitue un tournant majeur dans l'ascension des Jeux olympiques au rang de compétition sportive mondiale de référence.

Si l'événément débute le 4 mai, il n'est pas immédiatement question de sport, mais de culture. Des épreuves de sculpture, d'architecture ou de musique rythment les semaines avant la cérémonie d'ouverture, fixée au 5 juillet 1924.

La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de 1924, à Colombes.
La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de 1924, à Colombes. © Agence Rol/Gallica/BNF

• Un stade et un village olympique construits pour l'occasion

Le stade de Colombes est un écrin flambant neuf, construit pour l'occasion. Il héberge ce jour-là le défilé de 3089 athlètes (dont 135 femmes) devant chefs d'État et têtes couronnées. Il n'est à l'époque pas encore question de flamme olympique -elle fera son apparition quatre ans plus tard, à Amsterdam- ni de mascotte.

Gaston Doumergue, fraîchement élu président de la République, proclame officiellement l'ouverture des Jeux de la VIIIe Olympiade sous les yeux de Géo André, porte-drapeau de la délégation française. L'athlète participe à ses quatrièmes et derniers JO. Des stades, des places et des boulevards arborent aujourd'hui son nom.

Pas moins de 44 nations sont représentées parmi les sportifs, contre 29 quatre ans plus tôt, à Anvers. Une fois encore, la Russie est aux abonnés absents, de même que l'Allemagne. C'était une demande spécifique de la France, à replacer dans le contexte historique de l'après-guerre.

La devise olympique "Citius, Altius, Fortius", (plus vite, plus haut, plus fort) est introduite au cours de ces Jeux olympiques. Autre première majeure: un village olympique éphémère est dressé spécifiquement pour les athlètes à Colombes. "Un camp de baraques en bois, aux allées de terre étroites et au confort sommaire", selon le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), mais qui jouit cependant de bureaux de change ou de kiosques.

Le village olympique des JO de 1924, à Colombes.
Le village olympique des JO de 1924, à Colombes. © Agence Rol/Gallica/BNF

• Paris, Colombes, Argenteuil et Meulan comme terrains de jeu

Athlétisme, aviron, cyclisme sur piste et sur route, football, gymnastique artistique, pentathlon moderne, plongeon, polo, rugby à XV, tir, voile et water-polo sont notamment au menu de ces Jeux olympiques parisiens.

Les marathoniens olympiques à Pierrelaye le 13 juillet 1924.
Les marathoniens olympiques à Pierrelaye le 13 juillet 1924. © Agence Rol/Gallica/BNF

L'escrime fait également partie des sports concernés, avec des épreuves dédiées aux femmes. Il faut enfin ajouter le tennis, qui fait sa première et dernière apparition avant 1988 dans la compétition olympique.

Les épreuves sont dispatchées entre Paris, Colombes -où sont joués une partie des matchs de football- et Argenteuil ou encore Meulan, pour ce qui est de l'Île-de-France. Les nageurs, pour leur part, s'affrontent dans une piscine dernier cri, la piscine des Tourelles. Située dans le 20e arrondissement de Paris, elle porte aujourd'hui le nom de Georges-Vallerey.

Le départ du 200 mètres brasse, le 17 juillet 1924.
Le départ du 200 mètres brasse, le 17 juillet 1924. © Agence Rol/Gallica/BNF

Le tristement célèbre Vélodrome d'hiver, livré en 1909, abrite pour sa part les épreuves de boxe, de lutte et d'haltérophilie, tandis que l'hippodrome d'Auteuil regroupe les épreuves équestres.

Pour l'anecdote, seules trois équipes prennent part au tournoi de rugby: la France, la Roumanie et les États-Unis. Le titre olympique est glané par les Américains, grands vainqueurs de cette VIIIe Olympiade, avec un total époustouflant de 99 médailles: 45 en or, 27 en argent et autant en bronze.

La France signe pour sa part une performance notable avec 40 breloques, dont 14 récompenses suprêmes. La Finlande et ses 37 médailles complètent le podium.

Ce total, l'écurie olympique nordique le doit grandement à Paavo Nurmi, figure de proue de ces Jeux parisiens. Le coureur décroche à lui seul cinq médailles d'or, deux de plus qu'à Anvers. Le CNOSF se souvient qu'il courrait "chronomètre à la main pour contrôler ses temps de passage".

Le Finlandais Paavo Nurmi lors de l'épreuve du 10 kilomètres aux Jeux olympiques de 1924.
Le Finlandais Paavo Nurmi lors de l'épreuve du 10 kilomètres aux Jeux olympiques de 1924. © Agence Rol/Gallica/BNF

Deux autres athlètes, américains, marquent particulièrement les esprits. William DeHart Hubbard s'offre l'or au saut en longueur, une première pour un homme noir. Quant à Johnny Weissmuller, il s'adjuge à seulement 19 ans trois titres olympiques en natation. Des années plus tard, il deviendra acteur et incarnera Tarzan au cinéma.

• Le Tout-Paris garnit les tribunes

Contrairement aux épreuves des Jeux olympiques organisées en 1900, diluées dans l'Exposition universelle, celles de 1924 suscitent un intense engouement. La guerre, même si elle n'a pas totalement disparu des esprits, est loin "et le Paris des années folles vibre de toute ses forces créatrices, resitue le CNOSF. Surréalisme, dadaïsme, Arts déco, Joséphine Baker... Paris est en pleine effervescence artistique".

L'euphorie des Jeux parisiens tranche avec la morosité de ceux d'Anvers. Artistes et intellectuels viennent garnir les tribunes des stades. Béla Bartók, Manuel de Falla, Gustave Doret, Gabriel Faure, Jean Giraudoux, Honneger, Ravel, Stravinsky, Gabrielle d’Annunzio, Maurice Barrès, Paul Claudel, Maeterlinck et Paul Valéry sont de la partie.

"Les Jeux de Paris ont marqué l’acceptation des JO comme un événement international majeur doté d'une grande attractivité", résume le site officiel des olympiades, suscitant l'intérêt du public bien au-delà des célébrités.
Des jeunes femmes habillées aux couleurs olympiques à l'hippodrome d'Auteuil lors des JO de 1924.
Des jeunes femmes habillées aux couleurs olympiques à l'hippodrome d'Auteuil lors des JO de 1924. © Agence Rol/Gallica/BNF

La presse contribue, avec quelque 1000 journalistes mobilisés, à cet élan. Au micro de France 3 Île-de-France, Julien Faraut, chargé de collections cinématographiques à l'INSEP, met en lumière le rôle "des microphones et des hauts-parleurs dans le stade", de la télégraphie sans fil (TSF), avec "une première radiodiffusion au niveau local".

Le Miroir des Sports du 16 juillet 1924.
Le Miroir des Sports du 16 juillet 1924. © Le Miroir des Sports/Gallica/BNF

Les Jeux olympiques de Paris 1924 prennent fin le 27 juillet sur une ultime nouveauté. On lance cette année-là le rituel de la cérémonie de clôture tel qu'on le connaît aujourd'hui.

Trois drapeaux sont hissés dans le ciel du stade de Colombes: le drapeau du Comité International Olympique, le drapeau de la nation hôte et le drapeau de la prochaine nation hôte, les Pays-Bas.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions