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Paris Île-de-France

Anne Hidalgo se baignera dans la Seine le 23 juin: le fleuve sera-t-il propre à temps?

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Anne Hidalgo s’est engagée à plonger, le dimanche 23 juin, dans la Seine pour démontrer que le fleuve est baignable pour les JO. Les eaux ont donc un mois pour devenir suffisamment propres.

Une date entourée dans les agendas des Parisiens. Mercredi 22 mai, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé qu’elle plongera dans le Seine, le dimanche 23 juin, à l’occasion de la journée olympique. Un moment destiné à montrer au grand public que les eaux du fleuve sont baignables avant les JO. En cas de météo capricieuse, le saut d’Anne Hidalgo pourrait être ajourné.

L’annonce de ce plongeon n’est évidemment pas passée inaperçue. Sur les quais de Seine, les Parisiens restent sceptiques sur la baignabilité du fleuve. "Je pense que sa couleur est un peu hasardeuse et les effluves qui s’en dégagent ne donnent pas forcément envie de piquer une tête", déclare au micro de BFM Paris Île-de-France, Pierre-Louis.

"On ne peut pas changer du jour au lendemain, elle est interdite à la baignade depuis très longtemps alors pourquoi elle serait remise juste pour les JO ?", s’interroge Karine.

Des bactéries fécales dans l’eau

L’inquiétude de ces Parisiens est corroborée par les résultats des études de la fondation Surfrider. L’ONG a effectué récemment des prélèvements dans la Seine sur la section qui accueillera les épreuves aquatiques des Jeux olympiques et paralympiques. Les données observées montrent la présence importante de bactéries fécales dans les eaux.

"Il ressort que sur ces 14 prélèvements, réalisés aussi bien à la suite de fortes pluies que par des journées ensoleillées, seul 1 a permis à notre équipe de conclure à une qualité ne serait-ce que satisfaisante de l’eau de la Seine à cet endroit donné", écrit Surfrider dans son rapport.

Face aux résultats de cette étude publiée début avril, la mairie de Paris n'avait pas tardé à réagir. La ville s'est étonnée de "la temporalité d’une telle étude dont les prélèvements ont été réalisés en dehors de la saison estivale" tout en rappelant que "la Seine n’a aucunement vocation à accueillir des baigneurs de mi-septembre à juin, y compris pour des raisons de sécurité".

La qualité de l'eau de la Seine a également souffert de précipitations soutenues au fil des derniers mois. "Sur le pont de l’Alma, sur des temps d’été, on est sur des niveaux qui sont acceptables pour la baignade, mais il suffit d’une pluie pour que ça se dégrade", prévient Françoise Lucas, professeure d’écologie microbienne à l’université Paris-Est Créteil.

"Il y a un plan A et un plan B"

Les épreuves de triathlon doivent débuter dans le fleuve le 31 juillet. Durant l'événement, des prélèvements seront effectués régulièrement. En cas de mauvais résultat, l'organisation pourrait décaler les jours de compétition.

"Nous avons des jours de contingence qui sont déjà prévus et inscrits dans le calendrier des Jeux 2024. Il y a un plan A et un plan B pour faire face à toutes les situations", assure Benjamin Maze, directeur technique national à la fédération française de triathlon.

Malgré les risques d’une eau impropre à la baignade, la mairie de Paris reste confiante, notamment grâce à l’inauguration, le 23 avril dernier, de la grande station de dépollution des eaux de Champigny-sur-Marne.

"Il y a de grands ouvrages qui ont été construits dans le 93 et 94. Il s’agit d’ouvrages structurants qui captent l’eau de pluie et empêchent le débordement, qui sont le facteur principal de dégradation de la qualité de l’eau", rassure Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques.

Pour garantir la qualité de la Seine, les collectivités ont versé 1,4 milliard d’euros dans différents travaux. "C’est une mobilisation collective qui montre bien que les JO sont un accélérateur, grâce à eux, on aura fait ces travaux", indique Marc Guillaume, préfet d’Île-de-France. Pour la région, l’objectif va plus loin que l’accueil des épreuves en 2024. En effet, elle espère rendre l’intégralité de la Seine baignable pour 2025.

Johan Chérify avec Sylvain Allemand