Achat de votes à Corbeil-Essonnes: l'ex-maire Jean-Pierre Bechter condamné à la prison avec sursis

Jean-Pierre Bechter (D), alors maire de Corbeil-Essonnes, au côté de Serge Dassault, le 13 mars 2014 à Corbeil-Essonnes - FRANCOIS GUILLOT © 2019 AFP
L'ex-maire LR de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, ancien bras droit du défunt Serge Dassault, a été condamné ce mardi à deux ans de prison avec sursis par la cour d'appel de Paris, pour des achats de votes lors des municipales de 2009 et 2010, une peine plus légère qu'en première instance.
Deux ans ferme en première instance
L'ancien maire adjoint Jacques Lebigre s'est vu infliger la même peine de deux années d'emprisonnement "intégralement assortis du sursis simple".
Il leur est reproché à tous les deux d'avoir "oeuvré personnellement à la fraude électorale" dans cette commune de l'Essonne.
En première instance, en décembre 2020, ils avaient été condamnés à deux ans de prison ferme à purger sous bracelet électronique.
Lors de l'audience d'appel, en février, l'avocat général avait requis deux ans d'emprisonnement dont six mois ferme sous bracelet électronique contre Jean-Pierre Bechter, 77 ans, et un an dont deux mois ferme contre Jacques Lebigre, 80 ans.
La cour a estimé qu'il n'y avait "pas lieu de (leur) demander de porter un bracelet ni de (les) assigner à domicile", eu égard notamment à leur situation personnelle, a expliqué mardi le président aux prévenus.
Soulignant que les faits jugés "remontent à presque treize ans", il a toutefois ajouté qu'il ne s'agissait pas d'"une infraction acceptable ou banale".
Cinq ans d'inéligibilité
La troisième personne à avoir fait appel, l'ex-adjointe Christelle de Oliveira, a elle été condamnée à 18 mois de prison avec sursis, pour blanchiment de financement illégal de campagne et recel. En décembre 2020, le tribunal correctionnel avait prononcé une peine de 18 mois dont un an ferme.
La cour a confirmé la peine de cinq ans d'inéligibilité à leur encontre, mais annulé les amendes auxquelles ils avaient été condamnés.
Elle a par ailleurs accepté de confondre la peine de deux ans de prison de Younès Bounouara, condamné pour son rôle d'intermédiaire, avec celle de 15 ans qu'il purge pour une tentative d'assassinat liée à ces achats de votes, ce qui avait été refusé en première instance.
Au total, six personnes avaient été condamnées en 2020 pour avoir participé à un système pyramidal de corruption électorale, alimenté à hauteur de plusieurs millions d'euros par le milliardaire Serge Dassault, décédé en 2018.
Selon l'accusation, il consistait à recruter des équipes dans les quartiers pour convaincre les habitants de voter Bechter en échange d'argent, de promesses de logement ou d'emploi.
Déclaré inéligible à la fin des années 2000, après 14 ans à la mairie, Serge Dassault avait passé la main à Jean-Pierre Bechter. Ce dernier avait gagné l'élection en 2009 mais le scrutin avait été à nouveau annulé. M. Bechter l'avait finalement emporté en 2010.