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Catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge: le procès s'ouvre ce lundi, les victimes espèrent des réponses

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Alors qu'un procès s'ouvre ce lundi neuf ans après le drame ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, des proches de victimes tentent toujours d'avoir des réponses.

Le 12 juillet 2013, Thierry Gomes se rendait à la gare de Brétigny-sur-Orge (Essonne) pour récupérer ses parents. Sur le chemin, il apprend qu'un accident s'est produit et tente alors de les joindre. Mais aucun ne lui répond.

"L'inquiétude monte. Est-ce qu'ils étaient sur le quai? Est-ce qu'ils étaient dans le RER? Est-ce qu'ils étaient encore en chemin?", se remémore Thierry Gomet, au micro de BFM Paris Île-de-France.

Les deux parents de Thierry Gomes se trouvaient bel et bien sur le quai au moment où le train Paris-Limoges a déraillé au niveau de la gare de Brétigny-sur-Orge. Aucun n'a survécu.

Des questions sans réponses

Lors de cet accident qui est considéré comme l'une des plus grosses catastrophes ferroviaires survenues en France, sept personnes ont perdu la vie et 400 ont été blessées.

Neuf ans après, Thierry Gomes se pose encore des questions sur les circonstances de cet accident "traumatisant".

"Pourquoi ce wagon s'est mis en travers et a fauché ce quai?", questionne le fils des deux victimes.

La SNCF et un cheminot jugés dès lundi

Persuadé qu'il y a eu certains manquements de la part de la SNCF, Thierry Gomes et l'association de victimes, qu'il a fondée, ne baisseront pas les bras pour obtenir la vérité.

"Aujourd'hui, il faut une réponse à notre colère. Il n'y a que le procès qui peut nous la donner", argumente notre interlocuteur.

Dès ce lundi et pendant huit semaines, deux filiales de la SNCF (le gestionnaire des voies SNCF Réseau et la Société nationale SNCF) et un cheminot sont jugés pour homicide et blessures involontaires devant le tribunal correctionnel d'Évry.

Vingt-cinq témoins et quatre experts sont cités par le tribunal pour éclaircir ce drame et comprendre les causes du retournement d'une éclisse en acier - sorte de grosse agrafe joignant deux rails. C'est ce retournement qui a fait dérailler le train circulant à 137 km/h (pour une vitesse limite de 150 km/h).

184 parties civiles

L'accusation, représentée par le procureur Rodolphe Juy-Birmann, reproche à SNCF Réseau "des fautes" ayant "conduit à l'absence de renouvellement anticipé" de la voie ou à "l'insuffisance des effectifs", ainsi que des défaillances "dans l'organisation, le contrôle et la réalisation des opérations de maintenance" à la Société nationale SNCF.

Âgé de 24 ans au moment des faits, le cheminot, directeur de proximité, devra répondre d'"une appréciation fautive": celle d'avoir effectué "seul la dernière inspection des voies", avec une attention "manifestement insuffisante", huit jours avant le déraillement. Sollicités par l'AFP, leurs avocats n'ont pas souhaité s'exprimer avant les débats.

À ce jour, 435 victimes ont été identifiées. Parmi elles, 184, dont neuf personnes morales, se sont portées parties civiles et seront représentées par une cinquantaine d'avocats.

Un défi d'organisation

Pour les accueillir, le tribunal d'Évry a relevé un défi d'organisation. Tenir les débats au sein même du palais était primordial pour préserver "une égalité des armes" entre parties civiles et prévenus, a expliqué le président du tribunal, Benjamin Deparis, à l'AFPTV.

Une quarantaine de ces parties civiles ont indiqué souhaiter prendre la parole à l'audience et seront entendues par le tribunal à partir du 31 mai.

"Ce procès sera une expérience pénible, très traumatisante (...) mais un moment essentiel pour les victimes", a expliqué à l'AFP Thierry Gomes, qui sera auditionné par le tribunal dès mercredi en tant que président de l'association "Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Brétigny" (EDVCB).

Bertrand Burman, avocat d'une dizaine de parties civiles, a de son côté fait part du "malaise" des parties civiles à l'approche du procès "face à la responsabilité contestée par la SNCF". "Nous savons qu'il y a une défaillance qui aurait pu être prévenue et traitée avant ce 12 juillet", a-t-il affirmé.

Pour Me Gérard Chemla, avocat de l'association EDVCB, de la Fenvac et de 24 parties civiles, débute lundi le procès d'"un pot de terre contre le chemin de fer".

Lina Fourneau avec AFP