Abaya à l'école: deux jeunes gens jugés pour avoir menacé de mort une proviseure d'Ivry-sur-Seine

La justice représentée. (Photo d'illustration) - Michael Coghlan - CC - Flickr
Le procès de deux jeunes gens poursuivis pour avoir, l'an dernier, mise en cause et menacé de mort sur les réseaux sociaux une proviseure d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) après l'exclusion d'une lycéenne portant l'abaya, s'est ouvert vendredi 31 mai à Paris.
La jeune M., âgée de 19 ans aujourd'hui, s'était déchaînée sur TikTok et X contre le lycée, accusé d'islamophobie, et la cheffe d'établissement qui lui avait demandé depuis des mois le respect des règles sur la laïcité et de l'interdiction de l'abaya, une longue robe traditionnelle islamique.
Les jeunes ne connaissaient pas la proviseure
Deux jeunes gens qui ne la connaissaient pas avaient surenchéri sur leurs comptes Twitter, devenu X. Le premier, 19 ans à l'époque, 20 ans aujourd'hui, avait traité la proviseure de "sale connasse" et menacé de revenir la "niquer".
Le second, un étudiant âgé de 20 ans aujourd'hui, avait également mis en cause la proviseure et une autre responsable scolaire, disant avoir "des antécédents à régler" avec cette dernière avec un mème vidéo montrant un homme maniant un couteau de façon menaçante. Ces messages ont été vus des centaines de milliers de fois.
Jugée devant le tribunal correctionnel de Paris, l'ancienne élève est poursuivie pour harcèlement et divulgation d'information personnelle permettant d'identifier ou localiser une personne et l'exposant à un risque d'atteinte à sa personne ou ses biens. Elle encourt jusqu'à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. Elle ne s'est pas présentée à l'audience.
Les deux autres sont passibles de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende pour harcèlement et menace de crime ou délit contre une personne chargée d'une mission de service public.
Dossier de l'étudiant renvoyé au 30 mai 2025
Le dossier de l'étudiant a été disjoint faute d'avocat commis d'office et renvoyé au 30 mai 2025.
"De fait, c'est le premier procès pour des menaces de mort depuis l'assassinat de Samuel Paty", a souligné auprès de l'AFP Pascal Bolloré, responsable de la cellule juridique du syndicat des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN-Unsa), partie civile.
L'assassinat de Samuel Paty, victime d'un jeune radicalisé après des messages de haine sur les réseaux sociaux le 16 octobre 2020, "a fait rentrer la mort dans l'exercice de notre profession", poursuit-il.
Un dossier similaire sera jugé le 26 juin à Paris, impliquant le proviseur du lycée parisien Maurice Ravel, menacé et obligé de se mettre en retrait après une altercation avec une élève pour qu'elle enlève son voile, une affaire qui suscité une vague d'indignation en France.