1000 heures de cours perdues: des parents des Hauts-de-Seine menacent d'attaquer l'État

Un millier d'heures de cours perdues en deux ans et un préjudice que les parents veulent faire reconnaître. Plusieurs dizaines d'élèves du collège Georges Pompidou de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) voient leur programme scolaire largement tronqué faute d'un nombre de professeurs suffisant pour dispenser les cours.
"Depuis plusieurs années nous n'avons pas d'enseignant en technologie, en musique. Nous n'avons pas d'enseignant en arts plastiques, a indiqué Nadia Bellouni, représentante de la FCPE des Hauts-de-Seine, sur BFM Paris ce lundi matin. En début d'année, nous n'avions pas d'enseignant en SVT. Tous les ans, il nous manque des enseignants."
Un état de fait que ne digèrent plus six familles. Après cinq courriers sans réponse et une rencontre sans lendemain avec l'inspection académique, en octobre dernier, elles ont fait appel à un avocat. Elles demandent au ministère de l'Éducation un euro symbolique pour chacune des heures perdues par leurs enfants. Avec l'objectif de faire reconnaître le préjudice subi.
"On estime que l'État ne remplit pas ses obligations, développe Nadia Bellouni. Il y a un manquement à l'obligation légale d'assurer l'enseignement de toutes les matières obligatoires inscrites au programme d'enseignement tel qu'il est défini par les dispositions législatives et réglementaires en vigueur, selon les horaires réglementaires prescrits."
"Les inégalités sont creusées"
Si l'intéressée s'inquiète de la situation actuelle, elle est d'autant plus craintive pour l'avenir. "L'année prochaine, il va y avoir deux suppressions de classes, des dédoublements qui ne seront pas assurés", relate Nadia Bellouni. Une baisse de la dotation horaire, de l'ordre de 55 heures, est prévue en raison de la perte de cinq élèves.
Pourtant, le collège Georges Pompidou est classé dans le Réseau d'éducation prioritaire. De ce fait, il "doit normalement bénéficier de moyens supplémentaires". Et la parent d'élève de reprendre: "Mais là, nous n'avons même pas les moyens de base, les moyens pour fonctionner normalement." Elle ajoute: "Les inégalités sont creusées".
La crise sanitaire n'a rien arrangé à l'affaire. Elle a cependant associé les parents d'élèves et les enseignants dans leur mobilisation pour obtenir davantage de moyens. Ces derniers ont récemment entamé une grève, mouvement que Nadia Bellouni et les autres familles soutiennent. Et si le gouvernement a promis davantage d'enseignants après les mouvements sociaux de début janvier, "on n'a pas d'amélioration", déplore-t-elle.
Menace
Ladite amélioration demandera du temps, Nadia Bellouni en est consciente. Mais elle attend de pied ferme, d'ici à deux mois, une réaction du ministère de l'Éducation face à ses doléances. Et menace de saisir le tribunal administratif en cas de non-réponse.
Une démarche qui a des chances d'aboutir, estime-t-elle. Car un précédent existe: le tribunal administratif de Versailles avait condamné l'État, attaqué par des parents d'élèves d'un collège d'Évry, pour des faits similaires en 2003