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Vie chère en Martinique: au moins 30 mois de prison requis contre Rodrigue Petitot, le leader du RPPRAC

Rodrigue Petitot, leader du RPRAC, lors d'une manifestation à Paris le 3 novembre 2024 contre la vie chère dans les Outre-mer.

Rodrigue Petitot, leader du RPRAC, lors d'une manifestation à Paris le 3 novembre 2024 contre la vie chère dans les Outre-mer. - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Au moins 30 mois de prison, dont 15 ferme, ont été requis contre Rodrigue Petitot, le leader du mouvement contre la vie chère, après sa tentative d'intrusion à la résidence préfectorale martiniquaise en novembre dernier.

Au moins 30 mois de prison, dont 15 ferme, ont été requis ce mercredi 22 janvier contre Rodrigue Petitot, leader du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens) après la tentative d'intrusion à la résidence préfectorale martiniquaise en novembre dernier. "Il s'agit d'une rébellion en réunion parfaitement constituée", a estimé la procureure Odile de Fritsch qui a assorti la peine requise de deux ans de sursis probatoire et d'un maintien en détention.

Ce mouvement a organisé de nombreux blocages et des manifestations, parfois violentes, contre la vie chère en Martinique ces derniers mois.

"On veut incarcérer le symbole de la vie chère"

Ce mardi marquait l'ouverture du procès de Rodrigue Petitot, arrêté après une altercation avec le préfet à la résidence de celui-ci en novembre. Le parquet lui reproche de s'être introduit sans autorisation dans la résidence préfectorale le 11 novembre en marge d'une visite ministérielle et de s'être rendu coupable de "menaces et actes d'intimidation" envers le représentant de l'État.

"On veut incarcérer le symbole de la vie chère (...). Tout est fait pour éteindre le vrai combat", a affirmé à la barre Rodrigue Petitot, qui a été écroué le 5 décembre et comparaît détenu.

"Je ne reconnais pas être auteur de violation de domicile. Je suis arrivé, la barrière était ouverte", a-t-il soutenu devant le tribunal. Le visionnage durant l'audience d'images de la caméra de surveillance et de plusieurs vidéos de l'incident a permis de confirmer ce point.

Avec trois autres militants, Rodrigue Petitot avait tenté en novembre de rencontrer le ministre chargé des Outre-mer de l'époque, Jean-Noël Buffet qui effectuait un déplacement de quatre jours en Martinique, au terme de deux mois de tensions et plusieurs nuits d'émeutes en marge des manifestations contre le coût élevé des denrées alimentaires sur l'île.

Après un face-à-face tendu devant la porte de sa maison, le préfet avait refusé d'accéder à la demande du RPPRAC. À l'ouverture de ce oricès très attendu, des manifestants se sont massés devant les grilles du tribunal, scandant des slogans en soutien au président du RPPRAC.

En soirée, un millier de personnes ont été vues protestant pacifiquement au son des tambours. Par mesure de sécurité, les forces de l'ordre avaient bloqué deux rues longeant l'édifice. Le procès est prévu jusqu'à mercredi.

Cité mardi devant le tribunal par la défense en qualité de témoin, Jiovanny William, le député de la 1re circonscription de la Martinique, a dénoncé le "fléau" de la vie chère, source de "discrimination économique" et "sociale" dans les outre-mer. Aux yeux de l'élu, qui se trouvait à la résidence préfectorale le 11 novembre, "la situation exigeait au moins un entretien" entre le ministre et les militants.

Le président du tribunal, Thomas Lamorelle, a ordonné le renvoi au 31 mars du procès des trois autres membres du collectif qui avaient accompagné M. Petitot devant la résidence préfectorale en filmant la scène pour la diffuser en direct sur les réseaux sociaux.

Dans un dossier différent, Rodrigue Petitot avait été reconnu coupable début décembre d'intimidation à l'encontre de maires de Martinique et condamné à dix mois de prison ferme aménageable.

M. H. avec AFP