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Un "agent de subversion": un concert prévu à la cathédrale de Metz déplacé sous la pression de catholiques intégristes

La cathédrale Saint-Étienne, à Metz, le 11 août 2024. (Photo d'illustration)

La cathédrale Saint-Étienne, à Metz, le 11 août 2024. (Photo d'illustration) - Jean-Christophe VERHAEGEN / AFP

L'artiste japonais Keiji Haino, qui devait se produire dans la cathédrale du chef-lieu de la Moselle au mois de mars, chantera finalement au centre Pompidou-Metz. Une décision faisant suite à l'opposition publique de croyants, mais aussi du groupuscule religieux Civitas.

Pour la ville de Metz (Moselle), ce n'est pas une première. Un concert qui devait avoir lieu au sein de la cathédrale à la mi-mars a été déplacé au centre Pompidou-Metz après que des groupuscules catholiques intégristes s'y sont opposés, rapportent Ici Lorraine et Lorraine actu.

L'artiste qui doit se produire est Keiji Haino. Connu pour son style très particulier et ses chants constitués de "cris" ou "sons" perçants improvisés, il "incarne l'extrême à lui seul", selon le site internet du centre Pompidou-Metz.

Se produisant sur scène depuis la fin des années 1970, il fait partie du groupe Vajra (très populaire en Asie). À 72 ans, Keiji Haino a signé plus de 40 albums, dont une trentaine en solo.

Une voix "menaçante au possible"

De nombreux messages d'opposition à ce concert ont émergé sur les réseaux sociaux de la part de personne dénonçant une "profanation" de la cathédrale. Au point même de susciter une réaction du groupuscule Civitas, dont la dissolution souhaitée par Gérald Darmanin en octobre 2023 a été confirmée le Conseil d'État le 30 décembre dernier.

Sur ses réseaux sociaux, le mouvement politico-religieux avait alors encouragé les internautes à contacter l'évêché de Metz afin d'"empêcher ce scandale" et la "plus sordide des profanations" du lieu. Dans un court message publié sur Facebook, Civitas décrit Keiji Haino comme un "agent de subversion".

Annulation du concert de Bilal Hassani

Des attaques proches de celles reçues par Bilal Hassani deux ans auparavant. En avril 2023, le concert du représentant de la France à l'Eurovision 2019 dans une église désacralisée de la région avait été annulé après une polémique initiée par Civitas et un autre groupuscule local, Discussion natio Metz. Des injures avaient été publiées sur les réseaux sociaux, entre appels à la haine et insultes homophobes.

Le procédé est similaire selon le chanoine Thiry, administrateur de la cathédrale de Metz, auprès de nos confrères d'Ici Lorraine:

"On est sur le même profil identitaire, plutôt d'extrême droite. Ce sont les mêmes groupuscules qui grâce aux réseaux sociaux ont un pouvoir de nuisance, même s'ils ne sont peut-être pas forcément très nombreux."

Dans la foulée de l'annulation du concert, Bilal Hassani avait décidé de poursuivre les auteurs de ces injures. Cinq personnes avaient été jugées pour provocation à la haine et quatre d'entre elles ont été condamnées en janvier dernier.

Au regard du risque de troubles à l'ordre public provoqués par les réactions suscitées par l'organisation d'un tel événement, le centre Pompidou-Metz a donc décidé de changer de lieu, lui préférant ses propres locaux.

Camille Dubuffet