Qu'est-ce qu'une "plume de chaleur", ce phénomène à l'origine de records de température en France?
Les jours à venir s'annoncent intenses. Cette semaine, plus précisément à partir de mercredi, la France devrait être touchée par une vague de chaleur particulièrement importante pour cette période de l'année, durant laquelle les températures oscilleront très largement au-dessus des 30°C et flirteront localement avec les 40°C pour une large parte sud du pays. Les experts évoquent même la canicule la plus précoce depuis le début des relevés météorologiques.
Le pays a déjà connu des températures exceptionnelles en juin. Le record absolu pour la France métropolitaine date de juin 2019, avec 46°C à Vérargues, dans l'Hérault, mais c'était à la toute fin du mois (28 juin). La précédente date de 2017, du 18 au 22 juin (des vagues de chaleur localisées ont eu lieu plus tôt en juin en Alsace ou en Aquitaine en 2003).
Phénomène dynamique
Responsable de ces températures bien au-delà des normales de saison, une "plume de chaleur", un phénomène météorologique facilement reconnaissable par sa forme allongée caractéristique, qui transporte de l'air chaud venu du sud de l'Europe et du Maghreb.
"C’est une remontée très étroite d’air chaud qui concerne généralement un ou deux pays. C’est ce qui va nous concerner sur la France et l’Espagne à partir du milieu de semaine. Le sud-ouest de la France est particulièrement concerné, les dernières sorties de modélisation voient plutôt entre 40 et 42 sur l’ensemble de l’arc Atlantique, ce qui est extrêmement conséquent pour la mi-juin", explique, à notre antenne, Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK.

La formation de cette plume de chaleur est la conséquence de l'apparition d'une goutte froide sur l'ouest de l'Europe, plus particulièrement au large du Portugal. Cette dernière agit comme une pompe à chaleur, avec des vents qui tournent autour d'elle dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, et qui, par conséquent, font remonter de l'air extrêmement chaud du Maghreb et de la péninsule ibérique.

Pas de dôme de chaleur, pour l'heure
En revanche, il convient de ne pas confondre cette plume de chaleur avec le dôme de chaleur, un autre phénomène météorologique qui a touché la France l'an passé et qui avait également provoqué une forte hausse des températures.
"C’est un phénomène beaucoup plus figé. On a une zone de haute pression sur un pays et sous ce dôme, sous cette bulle de haute pression, les températures s’emballent. Là, la situation n’est pas figée, les choses ne sont pas statiques. Au contraire, on voit très bien cette langue d’air chaud qui remonte vers la France", avance Marc Hay, spécialiste météo de BFMTV.
Sa conclusion est partagée, sur Twitter, par Christophe Cassou, chercheur au CNRS, qui ajoute qu'il s'agit actuellement d'une "vague de chaleur advective", soit le transport des vents du sud par le vent. "La différence avec un dôme de chaleur, c’est que c’est très dynamique", ajoute-t-il, tout en signalant que la fin de l'épisode, et sa forme, était encore difficile à pronostiquer.
Une précocité devenue habituelle?
Seul problème, si des records de températures seront battus cette semaine, ils pourraient être dépassés dans un futur assez proche. Ces dernières heures, Météo-France alertait sur ces vagues de chaleur précoces qui seraient désormais de plus en plus fréquentes.
Ce ne sont pas moins de 43 vagues de chaleur qui ont été détectées depuis 1947, selon Météo France, qui note qu'il y a eu trois fois plus de vagues de chaleur ces 30 dernières années que durant les 42 années précédentes.
Les dernières vagues de chaleur en juin sont plutôt récentes: les années 2015, 2017 et 2019 ont également été marquées par de fortes températures dès le début de l'été. Une situation qui ne devrait pas s'améliorer avec le temps.
"Comme le dit le GIEC depuis 1988, ces épisodes extrêmes climatiques vont de plus en plus arriver et ils sont de plus en plus précoces", explique sur BFMTV Charles Sirot, cofondateur de l'association "La Fresque du climat".
Sur Twitter, Christophe Cassou juge "extrêmement probable" que l'activité humaine soit "le principal facteur contribuant à l'augmentation observée de l'intensité et de la fréquence des extrêmes chauds."