"On se prépare quand même au pire": comment les Réunionnais anticipent l'arrivée du cyclone Garance

Le calme avant la tempête. L'île de La Réunion se prépare ce jeudi 27 février à l'arrivée du cyclone Garance qualifié de "dangereux" par Météo France. L'île située au large de Madagascar a été placée en alerte cyclonique rouge jeudi à partir de 19 heures (16 heures, heure de Paris). Ce niveau du dispositif d'alerte cyclonique - troisième sur quatre - implique le confinement de la population à l'exception des forces de l'ordre et des services de secours.
Dans les supermarchés, les habitants font des provisions. "On va faire quand même des provisions parce qu'on ne sait jamais. On se prépare quand même au pire", explique une habitante à TF1. Un homme montre le papier toilette et les couches pour bébé présents dans son caddie quand une autre femme achète "deux boîtes de conserve, deux paquets de pâtes".
"Des trucs de première nécessité", résume-t-elle.
Packs d'eau, bougies, groupes électrogènes... Les Réunionnais s'équipent aussi face aux risques de coupure d'eau courante et d'électricité.
"J'ai débâché pour Belal, j'ai tout perdu"
Dehors, tout est mis à l'abri. Dans les ports, les amarres sont renforcées et certains bateaux ramenés à terre. Sur les chantiers, " tout ce qui est susceptible de s’envoler et de devenir un danger est stocké et sécurisé", notent nos confrères de Réunion La Première.
Les agriculteurs rangent leur structure. Comme Jean-Christophe Hoareau, agriculteur à Etang-Salé-Les-Hauts, qui possède des serres.
"La bâche, on va la dérouler et la mettre dans les gouttières au milieu. Je vais tout replier là-bas, tout mettre au milieu, attacher avec une corde pour ne pas que ça prenne le vent", détaille-t-il à l'AFP. "Et après, dès que le cyclone est passé, on rebâche tout, et c’est là où c’est plus long, là où il faut le plus de main d'œuvre."
Il souhaite sauver sa structure, son "outil de travail principal" au risque de perdre sa culture laissée à la merci du vent et de la pluie.
"La plante sous une serre, elle n'a jamais été touchée par une goutte d'eau, elle est totalement protégée des insectes... Elle est en fait dans un espèce de cocon. Et là vous l'exposez à l’extérieur, en deux jours c’est fini, il y a plus rien, tout est mort", déplore-t-il, confiant un "sentiment d'impuissance".
C'est la deuxième année que Jean-Christophe Hoareau possède son exploitation et la deuxième année qu'il "débâche". La première fois, c'était pour le passage du cyclone Belal en janvier 2024 qui avait frôlé les terres, provoquant la mort de quatre personnes.
"J'ai débâché pour Belal, j'ai tout perdu, et là, je débâche pour ce cyclone", souligne-t-il.
Craignant de ne pas pouvoir se déplacer ce jeudi, une infirmière à domicile explique à France Info avoir anticipé le cyclone lors du passage chez ses patients la veille. "Là, je prépare les piluliers de la dame sur 48 heures, au cas où, parce que je ne sais si jeudi je pourrais me déplacer pour aller faire ses soins", déclare-t-elle.
À Saint-Leu, ce sont les services de la ville qui s'affairent pour préparer les centres d'hébergement, censés être opérationnels dès le début de l'alerte rouge à 19 heures. Les établissements de santé s'organisent aussi. "On a mobilisé à peu près 250 professionnels de santé, tous les services supports, la direction, tout le monde est sur le pont", assure à BFMTV Dr Rachid Dekkak, président de la Commission médicale du GHT de La Réunion et médecin urgentiste. Les équipes de soin ont aussi été doublées afin de pouvoir se relayer entre ce jeudi et vendredi.
"Avant de rester confinés, ça fait du bien de prendre l'air"
D'autres habitants profitent des derniers instants de quiétude. "On a décidé d'ouvrir malgré ce qui va arriver tout à l'heure, pour que les personnes profitent d’avoir un dernier moment, face à la mer au soleil, avant d’avoir ce mauvais petit moment ce soir", explique à l'AFP, Azina, serveuse dans un snack.
À la terrasse, des touristes sont attablés. "On profite avec les copains, là le temps est calme, donc avant de rester enfermés, confinés, ça fait du bien de prendre l'air", avance l'un deux.
Le ministère de l'Intérieur recommande à la population de rejoindre son hébergement avant le début de l'alerte rouge. Puis, de couper le courant électrique, de ne "sortir sous aucun prétexte même si le temps est calme", de fermer les issues et de s'éloigner des baies vitrées. Il faut également éviter de téléphoner pour "laisser les secours disposer des réseaux électriques" et se tenir informé.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a affirmé sur X que "dès vendredi matin, 100 sapeurs-pompiers de la sécurité civile seront déployés de Mayotte vers La Réunion pour renforcer les secours locaux". Il précise également que "100 renforts venant de la métropole sont en préparation et pourront être engagés".
S'il maintient sa trajectoire actuelle, le cyclone devrait passer "à moins de 50 km" des terres, "au cours de la soirée de jeudi à vendredi, voire en début de matinée de vendredi", a indiqué la préfecture. Une dégradation notable des conditions météorologiques en termes de fortes pluies, rafales de vent et état de la mer est attendue "sur tout ou partie de l'île" dans la nuit de jeudi à vendredi.