Incendies en Gironde: la pluie peut-elle éteindre les feux de forêts?

Ce mercredi matin, l'heure est à un raisonnable optimisme sur le front des flammes qui dévastent la Gironde depuis neuf jours. Pas encore fixés mais du moins mieux maîtrisés, les feux y ont marqué le pas ces dernières heures. Dans l'intervalle, les incendies ont emporté 20.600 hectares dans le département dont 13.600 à Landiras et 7000 à La Teste-de-Buch, mais "seulement" 300 au cours de la nuit de mardi à mercredi. Cette relative amélioration peut s'expliquer de plusieurs manières.
L'abnégation et l'héroïsme des sapeurs-pompiers y sont bien sûr pour beaucoup, tout comme les brûlages tactiques - ou pare-feux - opérés le long des forêts qui consistent à prévenir l'avancée du brasier en décapant ses abords de la végétation qui pourrait en intensifier la force. Mais lors de son point-presse à Langon de ce mercredi matin, le commandant Charles Lafourcade a indiqué un autre facteur: les précipitations.
"Il y a eu de l'humidité cette nuit. De ce côté-là, on a enfin eu une action positive qui nous a permis de contenir le feu", a-t-il posé.
Car si la question peut paraître naïve, elle s'impose pourtant: la pluie peut-elle noyer les feux de forêts, ou du moins contribuer à les éteindre? C'est oui selon Météo France. Dès mardi, l'institut météorologique confiait à Sud Ouest: "S’il y a beaucoup de pluie, ça peut être bénéfique".
Remédier au déficit pluviométrique
Les pluies attendues dans le secteur ce mercredi n'auront certes rien de diluvien mais leur apport, conjugué à la chute des températures, doit faire un heureux contraste avec la sécheresse des derniers jours. Ainsi, d'après le site spécialisé Météo Agricole, si seules quelques gouttes devraient tomber du ciel sur La Teste-de-Buch, on espère jusqu'à 3 mm de précipitations du côté de Landiras.
Ces pluies présentent une première vertu. Elles vont remédier à la pénurie d'eau dont souffrent la nature et le boisé dans la région, et désaltérer une végétation dangereusement asséchée. Début juin, un communiqué de la préfecture de Gironde s'alarmait déjà:
"Depuis la fin de l’été dernier, le département de la Gironde est marqué par un déficit pluviométrique. La période d’août 2021 à mai 2022 est l’une des plus faiblement arrosée depuis 1959. Ces trois derniers mois, selon les secteurs, un déficit de 15 % à 55 % de précipitations a été enregistré."
Des orages oui, mais pas "secs"
D'ailleurs en janvier 2020, le service rural de lutte contre les incendies de l'État australien de Nouvelle-Galles du Sud - alors ravagé par les méga-feux - avait versé l'éclatement d'orages au nombre des "conditions favorables" ayant permis d'étouffer le quart des 100 foyers embrasant le territoire.
Au chapitre des orages, Météo-France a toutefois alerté Sud Ouest. La survenue d'"orages secs" serait une calamité. Et ce pour deux raisons majeures: les bourrasques obligeraient les pompiers à être une nouvelle fois sur le qui-vive et à s'adapter en permanence, et la foudre éventuelle ferait planer une terrible menace sur les points d'ignition - ces zones où la température de la végétation demeure si élevée que le feu peut y reprendre à tout moment.
L'hygrométrie plutôt que la pluie
Face aux journalistes ce mercredi matin, le sous-préfet de Langon a d'ailleurs tenu à maintenir sa garde. "Le feu progresse moins vite mais nous restons prudents", a ainsi lâché Vincent Ferrier. Selon lui, il ne faudrait pas voir en la pluie une panacée face aux flammes.
"Il y a eu quelques gouttes de pluie mais c'est anecdotique vu la taille des feux", expliquait-il.
Pour autant, selon le haut fonctionnaire, le salut passera bien par l'eau mais plutôt par le degré d'hygrométrie - soit la teneur en humidité de l'atmosphère: "Cette nuit, le taux d'hygrométrie est remonté, il est nettement plus fort que les jours précédents, et c'est un atout".
Et le taux d'humidité dans l'air s'annonce bien pour la journée de ce mercredi. Selon cette carte de situation dressée par Météo Ciel, l'hygrométrie doit atteindre 88% à Cazaux - localité évacuée et particulièrement sinistrée dépendant de la commune de La Teste-de-Buch - et 80% à Cazats, à proximité de Landiras.
