Des milliers de variétés de pommes en voie de disparition

Des pommes (photo d'illustration). - iStock - nata_zhekova
Sur les étals, on en trouve des vertes, des rouges, des jaunes. Les pommes s’affichent de toutes les couleurs, chez les primeurs comme dans les grandes surfaces. Mais un petit nombre de variétés seulement monopolise le gros des ventes. Problème: cela pourrait amener vers une importante chute de la biodiversité dans le secteur.
Ces 100 dernières années, la diversité de nos étalages sur le marché s’est considérablement réduite. Aujourd’hui, seulement quatre variétés de pommes représentent les 2/3 des ventes, alors qu’il existe plus d’une centaine de variétés en France. Parmi ces pommes stars, la Golden représente 35% de la production française, la Gala 16% et la Granny Smith, 8%. Les trois représentant à elles-seules, 900 000 tonnes sur 1.5 millions produites chaque année.
Un bilan inquiétant
Selon Amandine Cornille, chercheuse en génétique quantitative et évolution au CNRS, nous connaissons une "réelle diminution de la diversité génétique". Qui n’est pas sans poser des problèmes. En effet, avec les variations climatiques actuelles et à venir, "certaines de ces variétés cultivées ne peuvent pas faire face au danger du climat", assure-t-elle à BFMTV.com.
Selon François Tardieu, directeur de recherche à l’INRA, la biodiversité "permet effectivement non seulement une meilleure adaptation au changement climatique, mais contribue aussi à améliorer le rendement", nous indique le chercheur.
"Toutes pommes difformes, ternes ou tachées, sont interdites à la vente"
Pour Claude Lemarchand, président des "Croqueurs de Pommes de Normandie", une association qui lutte pour la sauvegarde des variétés fruitières, les raisons de cette monoculture sont simples. "Les variétés de pommes favorisées sont celles faciles à conserver, qui nécessitent moins de mains d’œuvre, et dont l’esthétique est lisse et irréprochable". "Toutes pommes difformes, ternes ou tachées, sont écartées des ventes", précise-t-il.
Ainsi, pour varier ses gammes, la France importe des pommes, belles et colorées, écartant notre large panel local disponible, ne rentrant pas dans ces normes. Ces variétés délaissées, se faisant alors de plus en plus rares, sont recherchées par les associations et les collectionneurs. Elles sont en partie vendues sur des petits marchés de campagnes et présentées à des expositions. Avec pour objectif leur préservation.
Selon Claude Lemarchand, "la solution est de les faire goûter à un maximum de gens pour essayer de les réintroduire". Cependant, elle s’avère difficile à établir. Leur disparition progressive engendre parallèlement un prix élevé, en croissance.
Pour lutter contre ces disparitions, des bénévoles comme ceux de l'association des "Croqueurs de pommes" travaillent sur la reproduction de variétés locales ou anciennes. Ils contribuent aussi à l’entretien de plusieurs milliers d’arbres ou organisent des manifestations locales.