"C'est plus qu'en plein été": comment expliquer la chaleur attendue en fin de semaine en France

Il va faire très chaud. Alors qu'après une année 2023 record, l'hiver a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde, la tendance se poursuit. Actuellement, le centre et l'est de l'Europe ainsi que les Balkans connaissent des chaleurs inédites pour la saison. Des températures hors normes vont également gagner l'Hexagone ces prochains jours.
Cela s'explique par une masse d'air chaud "qui remonte de l'Équateur, de l'Afrique du Nord, qui va traverser la péninsule ibérique et gagner quasiment toute la France", explique sur BFMTV Patrick Marlière, météorologue chez Medias-Weather.
Remontée d'air chaud
Dès jeudi, la barre des 20°C sera atteinte sur toute la moitié sud du pays. Météo-France prévoit même des pointes à 25°C dans le Sud-Ouest, à Bordeaux ou à Biarritz. À la faveur de flux et de puissants vents en altitude entraînant une remontée d'une masse d'air subsaharienne, le mercure continuera de grimper pour la journée de vendredi, gagnant la partie nord du pays, à l'exception de la pointe bretonne.
"La chaleur va se propager jusqu'à samedi, avec des températures jusqu'à 30°C", détaille Météo-France.
Cette barre symbolique pourra être atteinte aux pieds des Pyrénées et dans le pays basque, mais également dans le centre du pays, à Bourges ou Auxerre par exemple. À Paris, le mercure pourrait atteindre 28°C.
Effet de foehn
La chaleur sera en partie également expliquée par l'effet de foehn. Il s'agit d'un mécanisme qui intervient lorsqu'une masse d'air est bloquée par un relief, ici les Pyrénées. Des nuages vont alors se former jusqu'à l'apparition de précipitations, évacuant une partie de l'eau transportée par le flux d'air.
La masse d'air va finalement passer le relief mais sera cette fois réchauffée et asséchée. Tout cela entraîne donc un air chaud sur le sud de la France, après le passage des Pyrénées.

Largement au-dessus des normales de saison
"Tout cela est exacerbé par le dérèglement climatique", confie Météo-France.
En effet, de telles températures sont anormales pour la saison. "30°C au Pays basque, ce n'est même pas la normale au cœur de l'été", nous explique Sébastien Léas, prévionniste. Pour la période actuelle, la moyenne maximale saisonnière à Biarritz s'établit autour de 16°C.
À Paris, alors que le thermomètre devrait atteindre les 28°C samedi, il fait en moyenne 12°C au moins d'avril, selon InfoClimat. À Bourges, la moyenne des maximales n'est que de 16°C.
Ces moyennes sont aujourd'hui calculées sur la période 1991-2020, contre 1981-2010 avant. Or ces trente années comportent déjà les années les plus chaudes de l'histoire. En comparant avec les moyennes de la période précédemment utilisées, l'écart serait encore plus important.
Le dérèglement climatique en cause
Pour les mois d'avril, mai et juin, Météo-France estime qu'un "scénario plus chaud que la normale est le plus probable pour la France". "Avec le réchauffement climatique, le jour où l'on annonce une tendance plus froide n'est pas arrivé", déplore Sébastien Léas.
Le dérèglement climatique est la conséquence de l’émission des gaz à effet de serre liée aux activités humaines, notamment à l'exploitation des énergies fossiles.
"Plus les émissions de gaz à effet de serre continuent et se cumulent année après année, plus le pouvoir réchauffant se renforce", indiquait en mars à BFMTV Françoise Vimeux, climatologue à l'institut de Recherche pour le Développement.
Ainsi, les oscillations naturelles de la météo et de la températures sont tirées vers le haut en raison de ce pouvoir réchauffant.