"On est en première ligne": les élus isérois s'inquiètent de l'augmentation des agressions envers les maires

Les maires inquiets face à la montée de la violence. (Illustration) - SEBASTIEN BOZON
Samedi 11 octobre, lors du 67e congrès des maires de l'Isère, les élus locaux ont dit leur inquiétude face à une montée de la violence. Dans le département, pas moins de trois édiles ont été agressés lors de leur dernier mandat. Max Barbagallo, maire sans étiquettes d'Izeaux, sa femme et son garde municipal ont été intimidés par un jeune homme de 17 ans.
Désemparé, l'élu hésite à se représenter aux prochaines élections municipales de 2026. À nos confrères de France 3, il explique être "au point mort". "Je fais le bilan: je suis à un âge où j'ai beaucoup d'années derrière et pas beaucoup devant. En plus de ça, je suis motard, je goûte à la vie et je voyage pour toujours revenir au point de départ: mon village que j'adore. Mais je me demande: à quoi bon ? Je n'ai pas besoin de ça. Pourtant, j'ai de l'intérêt pour, j'ai une vision. Mais pour le moment, je ne sais pas", raconte Max Barbagallo.
L'édile n'est pas le seul à avoir subi frontalement la colère de ses administrés. Dans son département, ils sont trois ces dernières années. En décembre 2023, André Mondange, maire du Péage-de-Roussillon, a été agressé à Avignon à la sortie d'un bar, où il venait fêter la fin de la thèse d'histoire de son neveu. Mais la soirée a mal tourné, lorsque l'édile a décliné sa fonction auprès de deux individus apparemment d'extrême droite.
"On est en première ligne"
En août, Gilles Dussault, maire de Villeneuve-de-Marc, a lui aussi été agressé. L'un de ses administrés, en litige avec la commune, a attaqué l'élu dans le dos. Il lui a ensuite foncé dessus avec sa voiture.
Les expériences sont traumatisantes. "Quand on est maire, on est en première ligne", abonde Max Barbagallo. D'ailleurs les agressions violentes ne seraient que la partie émergée de l'iceberg. Chaque jour, la fonction est émaillée par les tensions. "On subit tous quelque chose. Parfois, ce sont de simples pressions, sans verbiage grossier. Des fois, quand les gens nous parlent, on sent qu'il vaut mieux aller dans leur sens. C'est le premier degré. Après, tous mes collègues ont déjà reçu des insultes."
Dans un rapport, le Centre d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus a recensé pour la seule année 2024 plus de 2.501 atteintes. Ce qui représente 48 agressions par semaine. Et les maires sont largement représentés sur le banc des victimes. Plus de 60% de ces faits les concernent. "Le maire demeure le représentant de l’autorité le plus identifié par les citoyens", est-il écrit dans le rapport.
Selon plusieurs édiles, les rapports avec les administrés ont évolué ces dernières années. André Quemin, maire LR de Bonnefamille depuis une dizaine d'années et candidat à sa réélection, admet que "c'est de plus en plus compliqué". Il ajoute : "avant, on avait des relations avec les gens, la parole donnée avait une valeur. Aujourd'hui, il faut tout écrire, tout est devenu une contrainte de sécurité."