Contrairement à la tendance nationale, en Isère, les attaques de loup baissent

Un loup. (Illustration) - THOMAS KIENZLE © 2019 AFP
Pris dans les phares de la voiture, l'animal se fige. Il tourne la tête et prend la fuite. Samedi dernier, dans la lumière des lampadaires du centre-ville, à Allevard, un loup est apparu. Dans le véhicule, une mère et son fils l'ont filmé. En Isère, il n'est pas rare d'en apercevoir sur le bord des routes. Une trentaine d'année ont suffi à l'animal pour réinvestir le massif alpin, et même migrer ailleurs dans l'Hexagone, jusqu'en Bretagne.
Au total, 1013 loups seraient installés sur le territoire, selon le décompte de l'office français de la biodiversité. En Isère, les services de l'État affirment que la population lupine se stabilise. Si le retour du prédateur ravit les naturalistes, il met en colère les éleveurs. Et les deux camps se livrent une guerre par médias interposés. Les premiers militant pour la sauvegarde à tout prix des loups, les seconds demandant à pouvoir les "réguler", en d'autres termes, en abattre une partie.
Une diminution de la prédation
En cause les attaques de troupeaux de moutons ou de vaches, proies faciles pour les loups. Des attaques qui angoissent les agriculteurs. En Isère, ces incidents ont pourtant tendance à diminuer. Des données surprenantes car, au niveau national, les attaques augmentent.
Déjà en 2021, dans sa lettre d'information dédiée au loup et à l'élevage, la préfecture de l'Isère affirmait observer une tendance à la "diminution de la prédation". Au ministère de la transition écologique, les attaques de loups sont scrupuleusement consignées. Les prédateurs ont fait 1049 victimes dans les élevages en 2022, 1009 en 2023 et seulement 618 en 2024.
Des données incomplètes de cette année suggèrent une légère augmentation des attaques de loups. Sans pour autant présager que 2025 soit plus meurtrière que les années précédentes.
Des agriculteurs qui s'adaptent
Cette situation propre à l'Isère serait multifactorielle selon Catherine Legras, animatrice du réseau Ferus des Alpes du nord, association de protection du loup. "Ces deux dernières années, nous n’avons pas connu d’attaque au cours duquel un éleveur peut perdre trente bêtes d’un coup. Surtout, dans notre département, nous sommes habitués à sa présence et les agriculteurs se sont adaptés: ils ont modifié leurs pratiques et ont davantage protégé leurs troupeaux, avec des chiens et des clôtures électriques", explique la spécialiste auprès du Dauphiné Libéré.
Le vice-président de la ligue de protection des oiseaux d'Isère l'admet, les agriculteurs s'adaptent. Avant de conclure: "Dans un département où les troupeaux ne sont pas protégés, un seul loup peut faire autant de dégâts que cent loups chez nous."