VIDEO - Moines de Tibéhirine: le juge Trevidic est arrivé en Algérie

Le juge français Marc Trevidic, le 31 janvier 2011. - Fred Dufour - AFP
Le juge antiterroriste français Marc Trevidic, enquêtant sur les moines de Tibéhirine assassinés en 1996 en Algérie, est arrivé dimanche en milieu d'après-midi à Alger, a-t-on appris de source proche du dossier. "Le juge est arrivé, accompagné de deux personnes", a affirmé cette source sans précision sur l'identité et la qualité des accompagnateurs.
Ce voyage du célèbre juge est entouré d'une discrétion absolue. Aucune information de source officielle algérienne ou de source diplomatique française n'était disponible sur le sujet. Des sources judiciaires, policières ou aéroportuaires contactées par l'AFP n'ont rien voulu dire sur le sujet. Aucune information n'a pu non plus être obtenue sur le déroulé de leur mission.
Reports successifs de la mission
Marc Trévidic et sa collègue Nathalie Poux avaient demandé à se rendre en Algérie il y a près de trois ans, dans une commission rogatoire internationale. Ce voyage a fait l'objet de longues tractations entre Paris et Alger, où une enquête est également en cours. Et les deux reports successifs après l'accord de principe donné par Alger en novembre 2013, avaient suscité l'agacement du juge Trevidic.
La mission, qui devrait durer une semaine environ, intervient dans un contexte sécuritaire tendu trois semaines après une nouvelle tragédie impliquant un ressortissant français, l'enlèvement suivi de la décapitation du guide de montagne Hervé Gourdel en Kabylie, à l'est d'Alger.
Accompagnés d'un représentant de la section antiterroriste du parquet de Paris et d'experts français, les deux juges devraient notamment participer à une expertise des têtes des religieux français, enterrées dans les jardins de leur ancien monastère isolé de Tibéhirine, près de Médéa (80 km au sud d'Alger).
Seules les têtes des moines retrouvées
Christian de Cherge, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Le rapt avait été revendiqué un mois plus tard par le Groupe islamique armé (GIA) via un communiqué signé de son "émir" Djamel Zitouni. Le commanditaire des attentats de 1995 en France proposait un échange avec un autre responsable du GIA.
Mais le 21 mai, un second communiqué annonçait l'exécution des religieux dont seules les têtes seront retrouvées neuf jours plus tard au bord d'une route de montagne. Trois moines, qui avaient échappé à l'enlèvement en se cachant dans le monastère, ainsi que des villageois, ont confirmé aux gendarmes l'implication d'un groupe islamique armé dans l'enlèvement survenu dans une des zones les plus troublées d'une guerre civile qui a fait environ 200.000 morts en une décennie.
Bavure ?
Mais cette thèse officielle est aujourd'hui contestée. Le 25 juin 2009, l'ancien attaché militaire de l'ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter, livre au juge Trevidic le témoignage indirect d'un militaire algérien. Le général explique que "les hélicoptères (de l'armée) ont vu un bivouac". "Comme cette zone était vidée, ça ne pouvait être qu'un groupe armé. Ils ont donc tiré sur le bivouac (...) Une fois posés, ils ont découvert qu'ils avaient tiré notamment sur les moines. Les corps des moines étaient criblés de balles". C'est pour dissimuler cette bavure que les corps auraient été décapités.