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VIDEO - Hong Kong: vers un enlisement de la situation?

Des manifestants bloquent une route à proximité des bureaux du gouvernement, le 3 octobre, à Hong Kong.

Des manifestants bloquent une route à proximité des bureaux du gouvernement, le 3 octobre, à Hong Kong. - Alex Ogle - AFP

A Hong Kong, après plusieurs jours de mobilisation, les étudiants pro-démocratie sont prêts à discuter avec le gouvernement local, jeudi. Mais ils exigent toujours la démission du chef de l'exécutif, qui ne veut rien entendre.

La situation va-t-elle s'enliser, à Hong Kong? Les leaders du mouvement des étudiants, représentant la majorité des manifestants qui multiplient les actions de désobéissance civile, ont accepté, jeudi, après plusieurs jours de mobilisation intense, d'entamer des discussions avec le gouvernement local, mais contestent toute légitimité à son chef. De son côté, celui-ci, soutenu par Pékin, refuse de démissionner.

> Le chef de l'exécutif s'accroche

Leung Chun-ying a opposé une fin de non-recevoir à l'ultimatum lancé par les étudiants pour sa démission, tout en se déclarant prêt à dialoguer avec les manifestants. "Je ne démissionnerai pas parce je dois continuer à travailler sur (la réforme) électorale" au centre de la confrontation, a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse convoquée quelques minutes avant l'expiration de l'ultimatum, à 18 heures.

Le chef de l'exécutif hongkongais a néanmoins annoncé ce qui apparaît comme une concession significative, en invitant au dialogue la Fédération des étudiants, fer de lance du mouvement de protestation. Ce à quoi il se refusait jusqu'à présent. Il a désigné la "secrétaire en chef" du gouvernement pour mener ces négociations.

> Expiration de l'ultimatum

Les leaders de la contestation ont accepté l’offre de dialogue, mais pour beaucoup, ce n’est pas suffisant. "La Fédération des étudiants de Hong Kong va avoir une rencontre publique avec la secrétaire en chef de l'Administration, Carrie Lam", le numéro deux du gouvernement dans cette ex-colonie britannique, ont déclaré vendredi les leaders du mouvement dans un communiqué, après l'offre de dialogue.

"Leung a d'ores et déjà perdu son intégrité et trahi la confiance que le peuple avait en lui. Il a non seulement refusé au peuple une vraie réforme politique, mais a ordonné une violente mesure de répression à l'encontre des contestataires pacifiques, en utilisant du gaz lacrymogène. Sa démission n'est qu'une question de temps", selon ce communiqué, qui précise que le mouvement continuera "jusqu'à ce qu'un véritable suffrage universel voit le jour".

> Vers un durcissement du mouvement?

Si la majorité des étudiants veulent rester pacifiques, d'autres cèdent à l’énervement. Autour d'eux, les organisateurs leur demande de garder leur calme. D'autant plus qu'une rumeur circule parmi la foule: la police se préparerait à évacuer les contestataires par la force.

Les forces de l'ordre ont été approvisionnées dans la journée de jeudi en gaz lacrymogène et en balles en caoutchouc, laissant effectivement craindre un épilogue violent à la plus grave crise politique que connaît ce territoire depuis sa rétrocession par la Grande-Bretagne à la Chine en 1997. Dans un communiqué officiel, "le gouvernement et la police appellent ceux qui sont rassemblés aux abords du quartier général de la police, du siège du gouvernement et des bureaux du chef de l'exécutif à ne plus bloquer leurs accès et de se disperser pacifiquement le plus tôt possible".

> Pressions extérieures

Soumise à de fortes pressions médiatiques et diplomatiques, la Chine a prévenu Washington qu'il ne fallait pas se mêler de cette crise politique, tandis que l'Union européenne a fait part jeudi de sa "préoccupation". De son côté, le Japon a dit espérer "fortement" que Hong Kong garde un système "libre et ouvert". Une déclaration qui pourrait être modérément appréciée par Pékin.

La crise est partie de l'annonce, en août, par le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire chinoise, selon laquelle le chef de l'exécutif de Hong Kong serait élu au suffrage universel en 2017, mais les candidatures à cette élection resteraient sous le contrôle des grands électeurs acquis à Pékin.

A.S. avec Rym Bey et AFP