Venezuela : Hugo Chavez brigue un quatrième mandat

Hugo Chavez, lors d'un discours pendant la campagne présidentielle. - -
Autocrate aux élans populistes ou anticapitaliste généreux au service des laissés pour compte de son pays ? Hugo Chavez, le controversé président du Venezuela, se représente dimanche 7 octobre pour un 4e mandat à tête de son pays, l’un des plus pauvres d’Amérique latine. Une mission loin d’être difficile pour celui qui est au pouvoir depuis 14 ans et qui conserve une large avance dans la majorité des sondages.
Jamais un chef d’Etat vénézuélien n’avait atteint une telle renommée internationale. Sa réputation, Hugo Chavez l’a façonnée à coups de discours fleuves anti-américains devant l’Assemblée générale de l’ONU ou de voyages à Cuba pour soutenir « son ami » Fidel Castro. Mais c’est surtout sa politique intérieure qui a marqué les esprits. Une politique « socialiste » : nationalisation de larges pans de l’économie – pétrole, électricité, télécommunications, consultations populaires par de fréquents référendums, programmes sociaux de santé, d'éducation, de nutrition…
« Des progrès sociaux moins impressionnants qu’au Brésil »
Mais cette politique, contrebalancée par des excès d’autoritarisme et de despotisme, n’a pas eu les effets escomptés. Olivier Dabène, professeur à Sciences-Po et directeur de l'Observatoire de l'Amérique Latine et des Caraïbes le reconnaît : « il y a beaucoup de vénézuélien qui ont vécu toute leur vie dans la pauvreté et le dénuement et qui aujourd'hui ont accès aux soins, à l'éducation et ont vu leur niveau de vie augmenter. Indiscutablement il y a des progrès sociaux ». « Mais ils sont plutôt moins impressionnants que dans d'autres pays voisins d'Amérique latine, en particulier le Brésil ou d'autres pays qui ont réduits la pauvreté de façon encore plus spectaculaire. Donc on peut dire que le bilan social n’est pas mauvais mais pas exceptionnel. Surtout si on considère que le Venezuela est un pays immensément riche », tempère-t-il.
Riche, mais secoué par une violence en forte hausse depuis le début de l’ère Chavez, principalement due au trafic de drogue qui mine le pays, mais aussi à cause des tensions entre pro et anti-Chavez.
« L’opposition a eu du mal à se faire entendre »
La main mise d’Hugo Chavez sur son pays augure-t-elle d’un scrutin biaisé ? « Les élections sont libres et le système électoral est assez moderne, assure Olivier Dabène. Il n'y a pas vraiment de possibilités de fraudes massives le jour de l'élection. En revanche, la campagne électorale n'a pas été totalement ouverte, transparente et équilibrée. La plupart des médias sont entre les mains du gouvernement et l'opposition a eu du mal à se faire entendre ».