"Un crime de guerre": l'ONU dénonce l'expulsion de l'avocat Salah Hamouri par Israël

L'avocat franco-palestinien Salah Hamouri, le 1er octobre 2020 à Ramallah (Territoires palestiniens) - ABBAS MOMANI © 2019 AFP
L'ONU a condamné lundi l'expulsion par Israël de l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri, détenu depuis mars sans accusation formelle dans des prisons israéliennes, qualifiant le procédé de "crime de guerre".
"Le droit international humanitaire interdit l'expulsion de personnes protégées d'un territoire occupé (...). Expulser une personne protégée d'un territoire occupé est une violation grave de la Quatrième Convention de Genève, constituant un crime de guerre", a commenté un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Jeremy Laurence.
"Expulser une personne protégée d'un territoire occupé est une violation grave de la Quatrième Convention de Genève, constituant un crime de guerre", a-t-il ajouté dans une déclaration envoyée aux médias.
Salah Hamouri a été expulsé dimanche vers la France.
Incarcéré sans accusation formelle
Agé de 37 ans, Salah Hamouri avait été condamné en mars à trois mois de détention administrative, une mesure controversée permettant à Israël d'incarcérer des suspects sans accusation formelle.
Le Bureau des droits de l'homme de l'ONU "condamne l'expulsion" par Israël de M. Hamouri vers la France, "et nous sommes profondément préoccupés par le message terrifiant que cela envoie à ceux qui oeuvrent en faveur des droits humains dans le territoire palestinien occupé", a souligné M. Laurence.
Son expulsion, a-t-il déploré, "met en lumière la situation vulnérable des Palestiniens vivant à Jérusalem-Est, la puissance occupante leur ayant accordé un statut de résident révocable en vertu du droit israélien". C'est également "le signe d'une nouvelle détérioration grave de la situation des défenseurs palestiniens des droits humains".
Le Haut-Commissariat a appellé Israël à annuler l'ordre d'expulsion.
Son statut révoqué pour des soupçons
Soupçonné par Israël de liens - ce qu'il nie - avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l'État hébreu et l'Union européenne, Salah Hamouri avait appris fin novembre qu'il allait être expulsé en décembre vers la France.
Mais son expulsion avait été reportée à la suite d'audiences devant la justice militaire, ses avocats remettant en cause son ordre d'expulsion et aussi la révocation de son statut de résident de Jérusalem-Est. Né dans cette partie de la Ville sainte, annexée et occupée par l'État hébreu, il ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d'un permis de résidence, que les autorités israéliennes ont révoqué, ce qu'il conteste.
Début décembre, les autorités israéliennes ont confirmé la révocation de son statut ouvrant ainsi la voie à son expulsion malgré une nouvelle audience prévue le 1er janvier.