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Un collectionneur américain forcé de restituer 70 millions de dollars d'antiquités volées

Michael Steinhardt en 2010.

Michael Steinhardt en 2010. - Jason Kempin / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Michael Steinhardt, célèbre collectionneur d'antiquités grecques et milliardaire, avait accumulé au fil des années les biens, "sans se préoccuper de la légalité de ses actes".

À une époque, l'influence de Michael Steinhardt dans le milieu de l'art new-yorkais était telle qu'une galerie du mythique Metropolitan Museum of Art (MET) avait été renommée à son nom. Mais en 2019, le New York Times fait état de plusieurs femmes accusant le collectionneur de harcèlement sexuel. Et ce lundi, le procureur de New York a annoncé que le milliardaire avait été forcé de restituer pour 70 millions de dollars d'antiquités volées. De quoi venir écorner davantage l'image de cette figure de la philanthropie new-yorkaise.

180 œuvres

Derrière ces 70 millions de dollars, ce sont 180 œuvres d'art et d'antiquités volées dans le monde ces dernières décennies - certaines de la Grèce antique - que Michael Steinhardt a été obligée de rendre par la justice.

L'annonce du procureur new-yorkais Cyrus Vance, résultat d'années d'enquête, permet au collectionneur de 80 ans d'échapper pour l'instant à une inculpation et à un procès. Il se voit en revanche interdit à vie d'acquérir des antiquités sur le marché légal de l'art.

Dans un communiqué, le procureur Vance a dénoncé "l'appétit vorace depuis des décennies de Michael Steinhardt pour des objets pillés, sans se préoccuper de la légalité de ses actes, ni de la légitimité des pièces qu'il achetait et vendait, ni de la gravité des dégâts culturels qu'il commettait dans le monde entier".

Patrons du crime organisé et pilleurs de tombes

Il a accusé le collectionneur et financier new-yorkais, dont la fortune est estimée par Forbes à 1,2 milliard de dollars, de ne respecter aucune "frontière géographique ou morale" et de "s'appuyer sur des trafiquants d'antiquités, patrons du crime organisé et du blanchiment et pilleurs de tombes, afin d'accroître ses collections".

Michael Steinhardt a fait l'objet ces dernières années de perquisitions à son bureau et son appartement sur la 5ème avenue de Manhattan par les services du procureur Vance, lequel a fait de la restitution d'œuvres d'art volées l'une de ses priorités.

Pas de procès en vue

Cette figure de la finance et de la philanthropie new-yorkaise a amassé sa fortune grâce à un fonds spéculatif. Il est particulièrement réputé amateur d'antiquités grecques.

D'après Cyrus Vance, les 180 œuvres d'art, dont un rhyton grec à tête de cerf datant de 400 avant J.C d'une valeur de 3,5 millions de dollars et un larnax de la Grèce antique de 1.400-1.200 avant J.C d'un million de dollars, "vont être restituées au plus vite à leurs propriétaires légitimes dans 11 pays".

Le procureur a semblé écarter la perspective prochaine d'un procès, tout en soulignant "l'indifférence" de Michael Steinhardt "à l'égard des droits des peuples sur leurs propres trésors sacrés", Cyrus Vance a jugé préférable de restituer rapidement ces pièces plutôt que de les "conserver comme preuves pendant des années", permettant à l'accusé d'éviter un procès.

J.F. avec AFP