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Un anniversaire du 11-septembre sous tension religieuse aux usa

Le neuvième anniversaire des attentats du 11-septembre est placé samedi sous le signe des tensions religieuses après l'imbroglio né de menaces proférées par le pasteur de Floride Terry Jones (au centre) de procéder à un autodafé du Coran. /Photo prise le

Le neuvième anniversaire des attentats du 11-septembre est placé samedi sous le signe des tensions religieuses après l'imbroglio né de menaces proférées par le pasteur de Floride Terry Jones (au centre) de procéder à un autodafé du Coran. /Photo prise le - -

par Eric Walsh WASHINGTON (Reuters) - Le neuvième anniversaire des attentats du 11-septembre est placé samedi sous le signe des tensions religieuses...

par Eric Walsh

WASHINGTON (Reuters) - Le neuvième anniversaire des attentats du 11-septembre est placé samedi sous le signe des tensions religieuses après l'imbroglio né de menaces proférées par un pasteur de Floride de procéder à un autodafé du Coran.

Le révérend Terry Jones, qui dirige une obscure communauté protestante à Gainesville, a finalement renoncé à mettre ses menaces à exécution, mais son initiative s'est transformée en une affaire d'Etat.

Barack Obama est intervenu vendredi pour plaider en faveur de la tolérance religieuse, droit "inaliénable", et pour appeler le pasteur à faire preuve de raison alors que les Etats-Unis sont toujours engagés dans la guerre contre les taliban en Afghanistan.

Le président américain a expliqué que la démarche du révérend Terry Jones entretenait les sentiments anti-américains à l'étranger et faisait le jeu d'Al Qaïda dans son recrutement de nouveaux militants.

Des manifestations se sont déroulées à Kaboul et dans quatre provinces d'Afghanistan réunissant plusieurs milliers de fidèles après les prières de vendredi qui ont marqué la fin du jeûne du ramadan.

Dans le nord du pays, des manifestants ont attaqué une base militaire de la force internationale (Isaf) et l'un d'entre eux a été tué par balles par des soldats.

"Cela met nos soldats, nos fils et nos filles en danger. On ne peut pas jouer avec ça", a déclaré Obama lors d'une conférence de presse à Washington.

Soumis aux pressions venues du sommet de l'Etat américain, le pasteur Jones a accepté de renoncer à son projet de brûler des corans pour marquer l'anniversaire des attaques du 11 septembre 2001 qui avaient fait près de 3.000 morts.

RADICALISATION DE LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE

Jones est arrivé vendredi soir à New York pour y rencontrer des dirigeants de la communauté musulmane de la ville à propos de la construction d'un centre islamique à proximité de Ground Zero, lieu où se trouvaient autrefois les tours du World Trade Center.

Ce projet immobilier est depuis plusieurs semaines le sujet d'une importante controverse aux Etats-Unis, une partie des Américains le voyant d'un mauvais oeil ou le considérant comme une offense à la mémoire des victimes.

Malgré les initiatives pour apaiser les esprits, les tensions demeurent vives, l'imam chargé du projet de centre culturel dans le bas de Manhattan ayant affirmé n'avoir pas prévu de rencontrer le pasteur Jones.

Le promoteur qui doit procéder à la construction du centre a indiqué de son côté qu'il n'était pas question que l'immeuble de 13 étages soit érigé dans un autre endroit, comme l'idée en a été suggérée.

Dans son intervention de vendredi, Barack Obama a reconnu que les attentats du 11-septembre demeurent entourés par une "sensibilité exceptionnelle". Il a toutefois tenté d'expliquer qu'il était possible de construire une mosquée près de Ground Zero comme il serait possible de construire n'importe quel autre édifice religieux.

"Ce pays repose sur le postulat que tous les hommes et les femmes ont été créés égaux, qu'ils possèdent des droits inaliénables. L'un de ces droits inaliénables est de pratiquer librement une religion", a dit Obama.

"Nous ne sommes pas en guerre contre l'islam, nous sommes en guerre contre des organisations terroristes qui ont détourné l'islam et ont frauduleusement utilisé la bannière de l'islam", a-t-il poursuivi.

D'anciens responsables de la Commission chargée d'étudier les attentats de 2001 ont présenté un rapport de 43 pages qui, selon eux, doit servir de signal d'alarme.

Ils y révèlent une radicalisation des musulmans vivant aux Etats-Unis et un changement de la stratégie d'Al Qaïda et de ses alliés.

"La menace à laquelle doivent faire face les Etats-Unis est différente de celle qui existait il y a neuf ans", précise le rapport. "On peut soutenir que les Etats-Unis aujourd'hui diffèrent peu de l'Europe pour ce qui est de l'existence d'un problème terroriste intérieur impliquant des musulmans immigrés ou autochtones ainsi que des convertis à l'islam", ajoute le texte.

Avec Daniel Trotta à New York; Sayed Salahuddin à Kabul; Paul Carrel à Cologne; Pierre Sérisier pour le service français