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Ultime tentative pour former une coalition à Athènes

Le chef de file du Pasok, Evangelos Venizelos, est le troisième et dernier dirigeant politique à être mandaté pour trouver une coalition viable, à l'issue des législatives de dimanche. /Photo prise le 10 mai 2012/REUTERS/Yorgos Karahalis

Le chef de file du Pasok, Evangelos Venizelos, est le troisième et dernier dirigeant politique à être mandaté pour trouver une coalition viable, à l'issue des législatives de dimanche. /Photo prise le 10 mai 2012/REUTERS/Yorgos Karahalis - -

par Harry Papachristou et Lefteris Papadimas ATHENES (Reuters) - Les partis politiques grecs ont mené jeudi d'ultimes consultations pour tenter de...

par Harry Papachristou et Lefteris Papadimas

ATHENES (Reuters) - Les partis politiques grecs ont mené jeudi d'ultimes consultations pour tenter de former un gouvernement et éviter de nouvelles législatives.

Le chef de file du Pasok (socialiste), Evangelos Venizelos, est le troisième et dernier dirigeant politique à être mandaté pour trouver une coalition viable, à l'issue des législatives de dimanche, où les forces favorables au plan d'aide international - et à l'austérité, son corollaire - et les forces hostiles au plan ont fait quasiment jeu égal.

Les derniers espoirs reposent sur le chef du petit parti de la Gauche démocratique, Fotis Kouvelis, un modéré qui est sorti d'une réunion avec Venizelos en proposant la constitution d'un gouvernement réunissant l'ensemble des partis, qui maintiendrait la Grèce dans la zone euro tout en rejetant les termes de l'accord sur l'aide internationale.

Selon des sources au sein de la Gauche démocratique (qui a obtenu autour de 6% aux législatives), le parti est divisé sur l'idée de rejoindre une coalition sans les autres forces de la gauche radicale, lesquelles ont déjà catégoriquement refusé d'y participer.

"Il y a une chance très mince de mettre sur pied une coalition, si Kouvelis accepte", a déclaré un responsable du Pasok, sous le couvert de l'anonymat. "Mais son parti est divisé là-dessus".

Un accord est peu probable avant que le président, Karolos Papoulias, exhorte l'ensemble des dirigeants politiques à faire un dernier effort - ce qui serait la dernière étape avant la tenue de nouvelles législatives, dans trois ou quatre semaines.

Devant le groupe parlementaire du Pasok, Evangelos Venizelos a reconnu qu'il y avait peu de chance qu'il réussisse à former une coalition. Le Pasok a vu sa représentation parlementaire fondre à la faveur des élections, et lui et les conservateurs de la Nouvelle démocratie, les deux grands partis pro-austérité, n'ont totalisé que 32% des suffrages, contre 77% lors des précédentes législatives.

Un sondage rendu public jeudi par la chaîne de télévision Alpha montre qu'en cas de nouvelles législatives, Nouvelle démocratie, qui était encore dimanche le parti le plus important, n'obtiendrait plus que 17,4% des voix (18,85% dimanche). Le parti de la gauche radicale Syriza, qui rejette austérité et plan international, grimperaient à 23,8% et deviendrait la première formation politique du pays. Dimanche, il avait déjà rallié 16,78%.

TSIPRAS VEUT UNE SOLUTION EUROPÉENNE

Alors que les efforts politiques sont dans l'impasse, de nouvelles statistiques sont venues illustrer jeudi l'ampleur de la récession grecque, qui sévit depuis cinq ans. Le taux de chômage a atteint un niveau record en février, 21,7% de la population active, contre 21,3% le mois précédent. Chez les 15-24 ans, le taux de sans emploi atteint désormais les 54%.

Dans le même temps, l'agence Standard & Poor's a annoncé que la note souveraine de la Grèce, déjà en catégorie hautement spéculative, pourrait être abaissée un peu plus si le blocage politique perdurait. Et le ministre allemand des Finances, le conservateur Wolfgang Schäuble, a assuré que les causes de la crise grecque étaient en Grèce et que le pays devait se conformer aux conditions fixées par le plan d'aide international.

"La Grèce peut compter sur la solidarité de l'Europe mais si la Grèce ne s'aide pas elle-même, il n'y aura rien à faire", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, est d'un avis contraire, déclarant dans une lettre qu'il a adressée jeudi à plusieurs dirigeants européens, dont José Manuel Barroso, que "Selon notre conviction profonde, le problème de la crise est européen et, par conséquent, la solution doit être trouvée au niveau de l'Europe".

Seule bonne nouvelle pour Athènes jeudi, des responsables de la zone euro ont déclaré que les pays de la zone étaient disposés à financer la Grèce jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé, qu'il soit le produit des élections de dimanche dernier ou d'élections qui pourraient se tenir le mois prochain.

Si la Grèce cessait de recevoir les nouvelles tranches d'aide du plan de l'Union européenne et du FMI d'un montant total de 130 milliards d'euros, elle se retrouverait vite en faillite, ne pouvant plus assumer ses obligations.

Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français