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Troubles à Alexandrie et Port-Saïd, défilés pacifiques au Caire

A Alexandrie, deuxième ville d'Egypte. Deux personnes, dont un Américain, ont trouvé la mort vendredi dans une violente manifestation dont les participants ont envahi une permanence des Frères musulmans, à l'avant-veille de la grande mobilisation annoncée

A Alexandrie, deuxième ville d'Egypte. Deux personnes, dont un Américain, ont trouvé la mort vendredi dans une violente manifestation dont les participants ont envahi une permanence des Frères musulmans, à l'avant-veille de la grande mobilisation annoncée - -

par Abdelrahman Youssef et Tom Perry ALEXANDRIE/LE CAIRE (Reuters) - Deux personnes, dont un Américain, ont trouvé la mort vendredi dans une violente...

par Abdelrahman Youssef et Tom Perry

ALEXANDRIE/LE CAIRE (Reuters) - Deux personnes, dont un Américain, ont trouvé la mort vendredi dans une violente manifestation dont les participants ont envahi une permanence des Frères musulmans à Alexandrie, deuxième ville d'Egypte, à l'avant-veille de la grande mobilisation annoncée par l'opposition pour dimanche.

Un troisième homme est mort et dix autres personnes ont été blessées dans une explosion au cours d'une manifestation à Port Saïd, à l'entrée du canal de Suez, a rapporté samedi la police. La cause de l'explosion n'a pas été éclaircie mais les manifestants, pensant qu'il s'agissait d'une bombe, ont attaqué la permanence d'un parti islamiste dans cette ville.

Les Frères musulmans affirment que huit permanences de leur mouvement ont été attaquées au total en Egypte vendredi, dont celle d'Alexandrie.

L'ambassade des Etats-Unis annonce qu'elle évacue son personnel non essentiel ainsi que les membres des familles des diplomates. Elle renouvelle son appel aux Américains à ne pas se rendre en Egypte sauf en cas de nécessité.

Les dignitaires d'Al Azhar, la grande institution sunnite du Caire et la principale autorité de l'islam dans le pays, ont évoqué vendredi un risque de "guerre civile" en Egypte entre partisans et opposants du président Mohamed Morsi, qui appartient à la mouvance des Frères musulmans.

"La vigilance est de mise si l'on veut éviter de basculer dans une guerre civile", a prévenu Al Azhar. Dans un communiqué globalement favorable au président Morsi, elle accuse les responsables politiques libéraux, dont l'ancien diplomate et ex-directeur général de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) Mohamed ElBaradei, d'inciter personnellement à la violence.

L'institution impute à des "bandes criminelles" faisant le siège de mosquées les violences qui se sont soldées, selon les Frères musulmans, par la mort d'une demi-douzaine de leurs partisans en une semaine.

Les Nations unies, l'Union européenne et les Etats-Unis ont appelé les Egyptiens à la retenue et demandé aux dirigeants politiques d'éviter une confrontation qui menace la démocratie naissante, apparue après la chute du régime de Hosni Moubarak au début 2011.

L'ARMÉE INTERVIENDRA EN CAS DE CHAOS

Au Caire, où des dizaines de milliers de personnes ont participé vendredi à des rassemblements rivaux, aucun incident majeur n'a été signalé. Il n'en a pas été de même à Alexandrie, où plusieurs milliers de manifestants anti-Morsi ont défilé vendredi sur le front de mer. Un journaliste de Reuters a vu une dizaine d'hommes lancer des pierres en direction des gardiens déployés devant des locaux des Frères musulmans.

Ceux-ci ayant riposté, des briques et des bouteilles ont volé. Des coups de feu ont été tirés. Selon les autorités, on dénombre des dizaines de blessés par des plombs. Les locaux des Frères musulmans ont été mis à sac et des documents jetés dans les flammes sous l'oeil de jeunes jubilant et scandant des slogans hostiles aux dirigeants islamistes du pays.

Les adversaires de Mohamed Morsi espèrent réunir des millions d'Egyptiens lors de la grande manifestation de dimanche pour exiger de nouvelles élections un an après sa prise de fonctions à l'issue du premier scrutin libre de l'histoire du pays.

L'armée, en alerte sur les sites stratégiques, a prévenu les deux camps qu'elle interviendrait si la situation devenait chaotique. La mosquée Al Azhar, qui garde traditionnellement ses distances avec la classe politique, exhorte l'opposition à accepter l'offre de dialogue de Mohamed Morsi plutôt que de persister à vouloir manifester dimanche.

Le chef de l'Etat a proposé mercredi soir, dans un discours télévisé, de réviser la Constitution et de promouvoir la réconciliation nationale, des propositions jugées trop vagues par ses adversaires.

Il est difficile d'anticiper le degré de mobilisation de l'opposition, qui affirme avoir réuni 15 millions de signatures dans une pétition réclamant le départ de Morsi.

Plusieurs mouvements de protestation depuis la chute de Moubarak n'ont pas toujours réussi à atteindre leurs objectifs mais le mécontentement de la population s'alimente d'une dégradation des conditions économiques.

Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André, Jean-Loup Fiévet et Eric Faye pour le service français