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"Tourist, go home!": la grogne espagnole contre le surtourisme s'étend au reste de l'Europe (avec des pistolets à eau)

Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle est écrit "Majorque n'est pas à vendre" lors d'une manifestation pour protester contre la massification du tourisme et des prix de l'immobilier sur l'île de Majorque, à Palma de Majorque, le 25 mai 2024.

Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle est écrit "Majorque n'est pas à vendre" lors d'une manifestation pour protester contre la massification du tourisme et des prix de l'immobilier sur l'île de Majorque, à Palma de Majorque, le 25 mai 2024. - JAIME REINA / AFP

Le "Tourist go home" des rues de Barcelone a envahi l'Europe du sud. Dimanche 15 juin, coordonnés par le réseau Southern Europe Network Against Touristification les militants anti-tourisme ont défilé dans les rues de Palma de Majorque, Venise, Naples, Barcelone ou encore Lisbonne.

La lutte avait commencé à Barcelone dans les années 2010, où, aujourd'hui, on parle carrément de "tourismophobie". Des îles Baléares à Venise, en passant par Lisbonne, des militants opposés au surtourisme ont défilé dimanche 15 juin. Coordonnés par le réseau Southern Europe Network Against Touristification (SET), les collectifs organisateurs ont appelé à manifester, pistolet à eau - symbole de la "touristification" - en main pour revendiquer une sorte de "droit à la ville".

Le phénomène catalan a débordé. Avant de contaminer le Portugal et l'Italie, l'année dernière, il s'est étendu à d'autres localités espagnoles. Majorque est de celles-là. Selon Le Monde, en mai, 20.000 habitants de l'île ont défilé contre le surtourisme. Les militants y exhortaient les touristes à s'abstenir de venir sur l'île. Ils estiment que l'afflux de visiteurs dégrade l'environnement, pèse sur les services publics et contraint les habitants à s'en aller à cause de la flambée du coût de la vie.

L'immobilier flambe

Dans les rues de Barcelone, dimanche, des centaines de militants brandissaient des pancartes invitant les touristes à rentrer chez eux. Les manifestants assurent ne pas être contre le tourisme, mais demandent des jauges et des règles.

"Nous ne pouvons plus vivre dans cette ville. Les locations sont très chères à cause des BnBs", explique Marina, interrogée par la BBC.

Selon la municipalité, en dix ans, l'immobilier a flambé. Les loyers ont augmenté de 68% et le prix d'achat d'un logement de 38%.

Dès le début des années 1990, à grand coup de campagne de communication, la capitale catalane a cherché à attirer les visiteurs. Barcelone a vendu un modèle de ville où il fait bon vivre, faire du shopping et visiter des lieux culturels comme la Sagrada Familia, les Ramblas ou le parc Güell.

"Tourist go home"

Essouflés par la crise économique, dans les années 2010, les barcelonais manifestaient déjà contre le tourisme. "Tourist go home" est-il taggé sur les murs de la ville. "La 'révolte' du quartier de la Barceloneta en août 2014 et d’autres quartiers de la capitale catalane entre 2014 et 2017 atteste une situation de crise et de transition urbaine", souligne le géographe Patrice Ballester dans un article scientifique consacré au sujet.

D'après les autorités locales, Barcelone accueille en moyenne 170.000 visiteurs par jour. En 2024, 26 millions de touristes ont encombré les rues de la capitale catalane qui compte 1,6 million d'habitants. Et la ville dépend du tourisme pour 15% de son PIB.

En 2024, et malgré la manne financière qu'il représente, le maire, Jaume Collboni entre en guerre avec AirBnB en annonçant la fermeture progressive de 10.000 logements touristiques de courte durée d'ici 2028. La même année, l'édile tente d'endiguer un peu le phénomène. En avril 2024, il fait supprimer une ligne de bus de Google Maps et ainsi rendre un peu de leur transport aux Barcelonais.

Amélie Com