Syrie : « L’horreur la plus absolue »

90 personnes ont été tuées dans un bombardement dimanche devant une boulangerie à Halfaya dans le centre de la Syrie. Un bombardement « pour effrayer la population », estime Samir Aïta, membre du Forum démocratique syrien.

Des dizaines de personnes, voire une centaine selon les témoignages sur place, sont mortes ce dimanche dans le bombardement aérien d'une boulangerie à Halfaya, dans le centre du pays. Un millier de personnes attendaient devant la boulangerie au moment de la frappe aérienne. Les pénuries d'énergie et de farine sont telles que les boulangeries produisent en fonction des arrivages. Dans ces cas-là, de longues files d'attente se forment à leurs portes.

« Ce bombardement, c'est pour effrayer la population »

« Les gens dans plusieurs endroits de Syrie souffrent du manque de denrées alimentaires notamment de pain, explique Samir Aïta, membre du Forum démocratique syrien (mouvement civique). Les gens essaient de s’organiser comme ils peuvent pour avoir des livraisons de farine et là le bombardement est venu à un moment où il y a eu une livraison de farine, c’est absolument terrible. Ce bombardement, c’est pour effrayer la population en disant ou bien c’est Bachar al-Assad, ou la destruction du pays, ce qui est une horreur ».

« Nous sommes devant l’horreur la plus absolue »

La localité d’Halfaya a été prise la semaine dernière par les rebelles syriens dans la province de Hama, au nord de Damas. Pour Bassma Kodmani, directrice de l’Initiative arabe de réforme et cofondatrice du Conseil national syrien (dont elle ne fait plus partie), il s’agit d’ « une stratégie qui vise à monter la population contre l’armée libre qui se bat dans le pays ». « Nous sommes devant ce qu’on appelle des crimes de guerre. Ce n’est pas par hasard que des civils meurent. Ils ne sont pas proches d’une cible militaire, ils sont devant une boulangerie, explique-t-elle encore. Comme le régime a visé pendant très longtemps et souvent encore des hôpitaux, nous sommes devant l’horreur la plus absolue : c’est d’abord faire en sorte que la population n’ait même plus la possibilité de se nourrir ».

« Ce régime ne va pas épargner les civils »

Et pour Randa Kassis, présidente du Mouvement de la société pluraliste en Syrie, le régime de Bachar al-Assad va continuer ses bombardements : « Ce régime ne va pas épargner les civils, il va bombarder toute zone qui accueille les rebelles, où on trouve beaucoup de combattants, puisque l’être humain pour lui n’est rien alors bien sûr, il va bombarder des civils ».
Dans un rapport publié cet été, l'association Human Rights Watch, basée à New York, a accusé l'aviation syrienne d'avoir bombardé des boulangeries, soit par défaut de précision, soit avec l'intention de frapper des civils.
Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme, le conflit syrien a fait plus de 44.000 morts depuis les premières manifestations pacifiques de mars 2011.

La Rédaction, avec Aurélia Manoli