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Sellia, cet étonnant village italien où mourir est désormais proscrit

Sellia, un village du sud de l'Italie, en Calabre

Sellia, un village du sud de l'Italie, en Calabre - Capture BFMTV

VIDÉO - Pour lutter contre le dépeuplement de sa petite commune, un maire italien a pris une mesure radicale face au vieillissement de la population: un arrêté qui oblige ses administrés à effectuer des soins médicaux réguliers. Au risque de voir ses impôts augmenter.

Aux grands maux, les grands remèdes. Afin de ne pas perdre les derniers habitants qui peuplent son village à flanc de rochers, le maire italien de Sellia, en Calabre, a pris un arrêté municipal des plus étonnants: il est désormais interdit à ses administrés de se laisser dépérir.

De 1.300 à 537 habitants en soixante ans

L'arrêté surnommé "anti-mort" oblige ses habitants à réaliser des contrôles médicaux et ses soins annuels sous peine d'un impôt supplémentaire de 30 euros par an.

"La vie humaine a naturellement de la valeur. Mais ici, elle a une valeur sociale, parce que chaque décès nous rapproche de la mort du village", justifiait Davide Zicchinella, l'édile, au moment de promulguer son texte. C'était en août dernier.

Car en quelques décennies, les rues du village se sont vidées et la majorité de ses maisons sont à présent à l'abandon. Ce petit hameau du sud de l'Italie, situé à une vingtaine de kilomètres des côtes de la mer Ionienne, comptait 1.300 habitants en 1960. Ils ne sont plus que 537 aujourd'hui. "Si rien n'était fait, notre population allait continuer de décliner", selon le maire, également pédiatre.

Suivi ophtalmologique et séjours en institut thermal

Le centre de soins, ouvert grâce à des fonds européens, peinait à remplir sa salle d'attente. Mais depuis la publication de l'arrêté, la moitié du village est désormais suivie, les soins étant subventionnés pour la plupart des patients, gratuits pour les plus démunis. Un suivi ophtalmologique et orthopédique est également proposé.

Et pour aider ses administrés, principalement retraités, à atteindre et à dépasser l'espérance de vie de 83 ans en Italie, le maire subventionne également des séjours en institut thermal, avec des transports en bus régulièrement organisés. Les demandes d'inscriptions se sont, sans surprise, multipliées à la maison de retraite locale.

Un parcours d'accrobranches

Le maire ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Il a autorisé la reconversion de l'école maternelle, à l'abandon, en auberge de jeunesse, et l'installation de deux gîtes. Son coup de pub ayant fait parler bien au-delà des frontières italiennes, de nombreux curieux se rendent à présent dans le village.

Grace à un autre chèque de Bruxelles d'un million et demi d'euros, le maire a fait construire un parcours d'accrobranches, avec tyrolienne et terrain de jeux accessible aux personnes handicapées. Pour espérer attirer des jeunes, ressusciter son village et voir naître de nouveaux bébés.

Céline Hussonnois Alaya