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Séisme de L'Aquila: les scientifiques acquittés en appel

Un policier à L'Aquila, en Italie, le 8 juillet 2009. Le séisme avait fait plus de 300 morts en avril 2009.

Un policier à L'Aquila, en Italie, le 8 juillet 2009. Le séisme avait fait plus de 300 morts en avril 2009. - Joe Klamar - AFP

Accusés d'avoir sous-estimé les risques avant le séisme meurtrier de L'Aquila, en 2009, les scientifiques italiens avaient été condamnés à six ans de prison en première instance, il y a deux ans . Le verdict du procès en appel a été accueilli ce lundi par les huées du public.

Les scientifiques italiens condamnés à six ans de prison en première instance, il y a deux ans, pour avoir sous-estimé les risques d'un séisme qui a fait plus de 300 morts en 2009 à L'Aquila, en Italie, ont été acquittés lundi en appel.

La Cour d'appel a complètement renversé le premier verdict, estimant que les faits reprochés aux accusés ne constituaient pas un délit.

"Honte à vous, honte à vous"

Cette décision a été accueillie par des huées du public, dont de nombreux proches de victimes, qui a crié aux magistrats "honte à vous, honte à vous".

"J'aurais pu imaginer une forte réduction des peines, mais pas un acquittement aussi complet", a déclaré le procureur général Romolo Como, qui avait requis une confirmation des condamnation prononcées en première instance et s'est dit "très déconcerté".

"Cette décision nous surprend et représente un séisme dans le séisme", a réagi Me Attilio Cecchini, un des avocats des parties civiles, assurant qu'il saisirait la cour de Cassation.

Plus de 300 morts

Les sept membres de la commission "Grands risques", six experts des tremblements de terre et le sous-directeur de la Protection civile, Bernardo De Bernardinis, s'étaient réunis à L'Aquila six jours avant le tremblement de terre meurtrier du 6 avril 2009.

Ce séisme avait ravagé cette ville de l'Italie centrale et fait plus de 300 morts ainsi que des dizaines de milliers de sans-abri, traumatisant le pays et causant des milliards d'euros de dégâts.

En première instance, le tribunal avait estimé que les experts avaient donné des informations trop rassurantes à la population, en particulier Bernardo De Bernardinis. Seule exception d'ailleurs à l'acquittement général, ce dernier a été condamné à deux ans de prison pour la mort de certaines victimes, tout en étant acquitté pour celle d'autres victimes.

Sans expliquer les motifs à l'origine de cette décision, la cour a de toute manière annoncé que la condamnation était suspendue.

Recours possible devant la Cour de Cassation

Le verdict en première instance avait provoqué un tollé dans la communauté scientifique italienne et internationale, qui a dénoncé "un procès à la science". Dans la foulée de la condamnation, le président de la commission italienne "Grands risques" avait démissionné, estimant qu'il ne pouvait plus travailler avec sérénité.

Après l'acquittement en appel, Stefano Gresta, président de l'Institut national de géophysique et vulcanologie (INGV), a exprimé sa "grande satisfaction", estimant que ce verdict restituait "la crédibilité à toute la communauté scientifique italienne".

Quel que soit le verdict de la Cour d'appel, les parties ou le parquet peuvent introduire encore un recours devant la Cour de Cassation.

V.R. avec AFP