Séisme dans le Pacifique: pourquoi la péninsule du Kamtchatka subit-elle tant de secousses?

Après la secousse, le Pacifique tétanisé. Un gigantesque séisme de magnitude 8,8 s'est déclenché tôt ce mercredi 30 juillet au large de la péninsule russe du Kamtchatka, provoquant des alertes aux tsunamis dans presque tous les pays riverains de l'océan Pacifique. Cette magnitude est la plus forte enregistrée dans la région depuis 73 ans: le 5 novembre 1952, un séisme de magnitude 9 avait déclenché des tsunamis dévastateurs dans tout l'océan Pacifique.
Particulièrement active, cette zone de subduction - où une plaque tectonique plonge sous une autre - située au large de la péninsule du Kamtchatka, à l'extrême-orient de la Russie, a connu ces dernières années plusieurs séismes, toutefois d'importance moindre. Le dernier, d'une magnitude 7,4, a été enregistré le 20 juillet dernier.
"On a tout autour du Pacifique ce qu'on appelle la ceinture de feu du Pacifique, c'est la frontière de plaques entre l'océan Pacifique et les plaques environnantes", explique à BFMTV.com Jean-Paul Montagner, sismologue à l'institut de Physique du Globe de Paris.
Des plaques qui se déplacent de 10 cm par an, jusqu'au "méga séisme"
"La plaque Pacifique plonge sous le Kamtchatka, comme elle plonge également sous le Japon, de façon irrégulière", ajoute le spécialiste, qui souligne que "les plaques se déplacent à peu près de 10 centimètres par an."
Comme l'explique Jean-Paul Montagner, dans le cas du séisme de 8,8 survenu dans le Pacifique, comme dans d'autres étudiés ces dernières années, le phénomène est causé par "une accumulation: la plaque avance, mais elle est bloquée au niveau de la zone de subduction", ce qui cause le dépassement d'un seuil de rupture "et de façon très violente la plaque se met à plonger."
"Ce sont des phénomènes classiques qui donnent lieu à des très gros tremblements de terre", résume-t-il. Plus particulièrement dans des zones de subduction actives, comme celle au large du Kamtchatka.
"Cette libération des forces tectoniques se fait dans la douleur et provoque d'énormes tremblements de terre", ajoute le spécialiste.
Le séisme qui a frappé le Pacifique ce mardi, ou mercredi, selon les fuseaux horaires, est considéré comme un "méga séisme, il n'est pas loin de la magnitude 9", ce qui signifie "que la faille a rompu sur plusieurs centaines de kilomètres avec des déplacements, donc la plaque a plongé probablement entre 10 et 20 mètres."
Des tremblements de terre
Dans le monde, il y a plusieurs endroits que l'on pourrait comparer à cette zone de subduction russe: en Alaska, au Mexique, au Chili ou en Indonésie, mais aussi aux Antilles ou en Europe, notamment au sud de la Grèce et en Italie.
Ces séismes sont "un phénomène général qui est lié à la dynamique globale de la Terre, donc au fait que la tectonique des plaques provoque des mouvements des plaques en surface et quand deux plaques rentrent en collision, on a des tremblements de terre qui se produisent de façon régulière, avec des temps de récurrence qui peuvent varier entre 50 ans et 1.000 ans".
Toutefois, "on ne peut pas prédire" de façon précise ces séismes dans le temps et l'espace. "On prévoit qu'il y a des tremblements de terre, mais le prédire à l'échelle de quelques jours, c'est encore impossible", explique Jean-Paul Montagner.
Selon lui, face à ces phénomènes, "l'attitude la plus raisonnable, c'est de s'en prémunir, de se préparer à l'occurrence d'un tel tremblement de terre. Donc il faut construire les bâtiments selon des normes parasismiques, il faut prévenir les populations."