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Secours, géolocalisation: les questions qui se posent après la découverte du corps de Simon Gautier

Le corps de Simon Gautier a été retrouvé dimanche soir par les secouristes italiens. Le délai du lancement des recherches, les moyens alloués, la téléphonie: autant d'éléments qui posent question après la mort du Français.

C'est au creux d'un ravin de Belvedere di Scoliandre, non loin de Policastro, dans la région de Salerne, dans le sud de l'Italie, qu'est tombé Simon Gautier avant d'y mourir. La dépouille du jeune Français de 27 ans, étudiant en histoire de l'art et installé à Rome depuis deux ans, a été retrouvée dimanche soir par des secouristes qui n'ont pu, pour le moment, faire mieux que la veiller, au vu de la nature accidentée du terrain.

Ils doivent ce lundi parvenir à récupérer le corps puis le convoyer jusqu'à un port voisin. Enfin localisé neuf jours après que Simon Gautier a lui-même signalé sa chute, le délai de l'aboutissement des recherches laisse sa famille et ses proches plein de questions. 

  • Pourquoi n'a-t-on pas pu géolocaliser le portable? 

C'est peut-être la première donnée qui interroge. Le 9 août, sur les coups de 9 heures du matin, Simon Gautier est parvenu à lancer un appel de détresse aux secours. Parti la veille, le randonneur a alors signifié qu'il était tombé, qu'il s'était brisé les deux jambes et ne savait où il se trouvait, précisant simplement qu'il voyait la mer.

N'aurait-on pas pu géolocaliser l'appareil et partant, la situation du Français? La chose est aisée en principe grâce à l'Advanced Mobile Location, note Le Figaro ce lundi. Applicable pour les téléphones Apple et Google, ce système génère l'envoi automatique de coordonnées GPS par SMS vers les secours après que ceux-ci ont été contactés. Problème: s'il existe depuis 2014 et est appelé à être adopté partout dans l'Union européenne, l'Italie ne l'a pour l'instant pas activé. 

Il est également possible de solliciter les opérateurs de téléphonie mais ceux-ci ne délivrent ces mêmes détails qu'à l'issue d'une procédure administrative susceptible de s'étendre sur plusieurs jours. Enfin, dans la mesure où le portable de la victime a fini par s'éteindre, il a fallu compter sur les antennes-relais. Or, ces structures sont rares dans la région, et leur estimation est plus vague. 

  • Les recherches ont-elles trop tardé? 

Mais les questions qui se posent des deux côtés de la frontière tiennent surtout à la temporalité des recherches. La chronologie est la suivante: c'est à 9 heures, le 9 août, que Simon Gautier a passé son coup de fil. Les carabiniers de Lagonegro l'ont réceptionné mais ce n'est qu'après le crépuscule que les recherches sont lancées, à l'initiative de la commune de San Giovanni a Piro. Et encore, il faut attendre le 10 août à la mi-journée, soit 28 heures après l'appel, pour qu'un hélicoptère prenne enfin son envol. 

Au vu des difficultés éprouvées pour le retrouver, retracer l'itinéraire de l'étudiant exigeait de recueillir des témoignages éventuels. Or, la commune de Policastro a attendu une semaine pour diffuser à l'attention du public les images de vidéosurveillance sur lesquelles apparaissait le jeune homme, ce qui a généré le récit de personnes l'ayant aperçu sur une plage le 8 août au soir. 

  • Les moyens mis en place étaient-ils suffisants? 

La dernière zone d'ombre réside dans les moyens déployés pour couvrir le vaste territoire dévolu aux recherches: 140 km2 de pentes, de sentiers, de ravins et de côtes. En fin de semaine dernière, la mère de Simon Gautier, Delphine Godard, déplorait la faiblesse des effectifs, notant que les efforts pour apercevoir son fils reposaient par ailleurs sur "une quinzaine de ses amis". 

"Malgré leur bonne volonté et leur aide, les secours italiens ne sont pas assez nombreux pour explorer ce secteur. Et leurs drones et hélicoptères ne peuvent pas repérer Simon s'il est tombé dans une crevasse", affirmait-elle encore, enjoignant ensuite la France et l'Italie "envoyer des pompiers formés à la haute montagne, des spéléologues". 

Le Quai d'Orsay avait alors assuré de sa mobilisation et détaillé le dispositif transalpin dans un communiqué vendredi: "Les autorités italiennes, que nous remercions pour leur grande mobilisation, déploient d’importants moyens matériels et humains, qui sont renforcés, afin de retrouver Simon Gautier dans une zone étendue et difficile d’accès: survols par hélicoptère et drones, recours à des équipes de spéléologues, mobilisation de volontaires, reconnaissance depuis la mer". Selon Le Figaro, ces ressources avaient été renforcées dimanche par l'arrivée de pompiers spécialisées, de secours alpins, d'un hélicoptère supplémentaires et de drones. Ces renforts auront donc été apportés en vain. 

Désormais, c'est à l'autopsie de répondre à ces questions et à celle-ci qui les résume toutes: était-il possible de sauver Simon Gautier en faisant davantage et dans des délais plus brefs?

Robin Verner