Quand Abaaoud voulait traverser la frontière grecque avec une escort-girl

Photo de propagande non datée d'un homme présenté comme Abdelhamid Abaaoud, le jihadiste belge soupçonné d'être le coordonnateur des attentats de Paris. - Dabiq - AFP
Pendant trois semaines, le tribunal correctionnel de Bruxelles juge 16 membres présumés de la cellule jihadiste de Verviers, démantelée le 15 janvier 2015 lors d'un assaut des forces de police belges. Ce qui est présenté comme le "pré-procès" des attentats du 13 novembre s'est ouvert lundi en l'absence du leader présumé de cette cellule: Abdehamid Abaaoud, mort dans un assaut du Raid à Saint-Denis, cinq jours après les attaques perpétrées dans la capitale.
Et au second d'audience, mardi, des écoutes téléphoniques inédites du numéro de téléphone grec du jihadiste de Molenbeek ont été dévoilées. On y découvre les méthodes peu banales mises au point par Abou Omar - identifié par les enquêteurs comme étant Abdelhamid Abaaoud - depuis sa planque présumée d'Athènes, pour tenter de rejoindre en Belgique la cellule qu'il était soupçonné de diriger.
Tentative de franchissement d'une frontière à la nage
Le 17 décembre 2014, Abou Omar contacte un certain Yahya pour lui raconter la mésaventure qu'il vient de vivre à la frontière entre la Grèce et la Bulgarie: il a essayé de traverser une rivière… à la nage.
"Il s'est passé un problème au niveau de la rivière. Les Bulgares ont lâché de l’eau. On a essayé. On a nagé. On a dû revenir", raconte-t-il au téléphone, selon Le Parisien.
Nouvelle tentative le 2 janvier 2015. Abdehamid Abaaoud a essayé, en vain, de prendre l'avion depuis une ville inconnue.
"Ouais, ils m’ont refoulé. À l’aéroport. Ils ont su que c’était pas moi", explique-t-il à son interlocuteur, d'après le journal belge La Libre Belgique. Les douanes ont sans doute repéré ses faux papiers.
Abaaoud avait un supérieur hiérarchique
Après cet échec, les écoutes téléphoniques mettent au jour un nouveau stratagème d'Abaaoud pour traverser la frontière: faire appel à une escort-girl belge pour se faire passer pour un couple de touristes à l'aéroport d'Athènes.
"Quelqu’un m’a appelé de Grèce pour me demander si je n’avais pas des filles", relate au téléphone un proxénète belge, dans une écoute incidente interceptée par les enquêteurs.
Enfin, ces écoutes téléphoniques confirment une hypothèse émise par de nombreux spécialistes: Abdelhamid Abaaoud avait un chef, surnommé "Padre". Régulièrement, ce cadre de l'Amniyat - le "service de sécurité" de Daesh - rendait des comptes à un supérieur hiérarchique, à ce jour non identifié.