Pourquoi les Suisses disent non à 15 jours de congés en plus par an

A 67%, les Suisses on dit non à des congés supplémentaires. - -
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Que diriez-vous d'avoir deux semaines de congés supplémentaires par an ? C'est la question posée aux Suisses hier dimanche par référendum. Le texte avait été déposé par le syndicat Travail Suisse, qui entend lutter contre le stress au travail en accordant six semaines de congés payés à tous les travailleurs contre quatre actuellement. Et contre toute attente pour nous autres Gaulois, nos voisins helvètes ont répondu non à 67 %, selon les premières estimations.
« On a fait peur aux gens… »
Denis Torche est membre de la direction du syndicat Travail Suisse, à l'origine de la proposition. Comment explique-t-il ce refus massif ? « On a fait peur aux gens, en disant : vacances en plus = chômage en plus. Dans la mythologie suisse, les gens pensent que si la prospérité de la Suisse est ce qu’elle est aujourd’hui c’est parce que c’est le résultat de leur labeur. Et peut-être qu’un peu plus de vacances, dans l’inconscient collectif, ça voudrait dire remettre en cause la valeur de travail. Mais si on veut justement continuer cela, il faudra aussi que les salariés puissent tenir sur la distance ; et avec quatre semaines de vacances, c’est dur ».
« Parce qu’ils voient les 35 heures françaises comme un échec »
Les Suisses sont-ils si différents de nous ? « Ici il y a un pragmatisme, explique Pierre Ruetschi, rédacteur en chef de La Tribune de Genève : en période de crise, voter deux semaines de vacances en plus leur paraît inapproprié ; ils préfèrent miser sur la santé de l’économie suisse, plutôt que d’obtenir des avantages à court terme. Et je pense que dans ce vote, les 35 heures en France ont un peu joué dans un sens négatif ; en Suisse, on les a jugées comme étant clairement un échec et on ne voulait pas reproduire ce type d’erreur, qui conduit à des difficultés, à un retour en arrière en France ».
« Sans vouloir être désobligeant, en France il y a autant de gens stressés ! »
Et selon Blaise Matthey, directeur général de la fédération des entreprises romandes (patronat), si ce texte a été rejeté, c’est parce que « les Suisses sont très attachés à la valeur travail ; ils veillent en toutes circonstances à demeurer compétitifs. Et deuxièmement, il n’y a pas de corrélation entre la notion de stress et la durée des vacances. En d’autres termes et sans vouloir être désobligeant, en France il y a autant de gens stressés, même avec une durée de vacances plus longue, qu’il y en a en Suisse. Le peuple suisse ne s’est donc pas trompé en considérant que ce n’était pas pertinent ».
« Marche ou crève » ?
Véronique, une Française qui vit à Genève depuis 22 ans, explique ce qu’est selon elle la mentalité des Suisses au travail : « C’est marche ou crève ! Les syndicats ici n’ont pas le même poids que les syndicats français. Donc si tu ne rentres pas dans le moule, tu es exclu ».
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