Pour Le Drian, le Liban traverse une crise "très grave"

Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, sort de l'Elysée, le 21 octobre 2019 - Jacques Demarthon / AFP
Le Liban "traverse une crise très grave depuis une quinzaine de jours, avec des mobilisations massives de la population, des incidents, des tensions, une crise de confiance", a déclaré ce mardi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, suite à la démission du Premier ministre libanais, Saad Hariri, et de son gouvernement.
L'appel de la France à "tout faire" pour la stabilité du Liban
S'adressant à l'Assemblée nationale, il a ajouté: "Dans cette situation, la France appelle les responsables libanais à tout faire pour garantir la stabilité des institutions et l'unité du Liban".
"La condition de la stabilité est la volonté d'écouter la voix et la revendication de la population", a-t-il ajouté. "Les responsables politiques libanais sont-ils décidés à 'faire Liban' ensemble?" s'est interrogé le chef de la diplomatie française. "Font-ils passer l'intérêt collectif du pays devant leurs intérêts particuliers? C'est la question qui est posée par la décision du Premier ministre Hariri de se retirer".
"Le Liban a besoin d'un engagement de l'ensemble des responsables politiques à s'interroger sur eux-mêmes et à faire en sorte qu'il y ait une réponse forte à la population et la France est déterminée à les aider en ce sens", a conclu Jean-Yves Le Drian.
La colère du peuple contre la classe dirigeante
La révolte populaire libanaise a été déclenchée le 17 octobre par l'annonce surprise d'une taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp. Cette mesure a été vite annulée mais la colère ne s'est pas apaisée contre la classe dirigeante, jugée incompétente et corrompue dans un pays qui manque d'électricité, d'eau ou de services médicaux de base trente ans après la fin de la guerre civile (1975-1990). Saad Hariri, Premier ministre, a annoncé ce mardi sa démission, entraînant ainsi celle de son gouvernement.
Dimanche, des dizaines de milliers de Libanais ont formé une chaîne humaine le long de la côte du pays, sur 170 km du nord au sud, pour afficher leur unité et une détermination intacte à chasser la classe politique malgré les tensions qui montent.